How Did Budapest Become One of the Most Fascinating Cities in Europe?

How Did Budapest Become One of the Most Fascinating Cities in Europe?

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<i>Posé à cheval sur le Danube,</i> <i>au cœur de l'Europe centrale,</i> <i>Budapest est une</i> <i>des plus belles villes d'Europe.</i> <i>Surnommé la perle du Danube,</i> <i>hommage à son architecture spectaculaire</i> <i>et surtout à cette particularité</i> <i>qu'on ne voit nulle part ailleurs,</i> <i>ces fameux bains en plein air,</i> <i>une tradition millénaire.</i> <i>Dans la ville,</i> <i>on en compte plus d'une centaine.</i> <i>Le plus célèbre d'entre eux,</i> <i>ce palais néo-baroque</i> <i>de 6000 mètres carrés,</i> <i>le szechenyi.</i> <i>Construit au début du XXᵉ siècle,</i> <i>il abrite près de 21 bassins,</i> <i>alimentés par</i> <i>les sources thermales de la ville.</i>

<i>Les visiteurs s'immergent toute l'année,</i> <i>dans une eau à 29 degrés.</i> C'est incroyable, il y a tellement de piscines aux températures différentes. Il y a une bonne énergie et en plus, l'architecture est magnifique. On a l'impression de se retrouver à l'Antiquité.

Les petits bassins avec des moulures au plafond, c'est sympa. <i>De l'autre côté du Danube, à Buda.</i> <i>Une autre institution, le Gellert.</i>

<i>Construits en 1918 dans un style Art déco,</i> <i>ces termes attirent les touristes,</i> <i>mais surtout des locaux.</i> Ici, c'est un bain vraiment très élégant. C'est pour ça qu'on est venu. Ce mélange de tradition et d'élégance. <i>En tout, 13 piscines </i> <i>extérieures et intérieures.</i>

<i>Cette eau riche en minéraux, calcium et</i> <i>magnésium aurait des vertus médicinales.</i> <i>C'est pour cela que certains habitants de</i> <i>Budapest y viennent même tous les jours.</i> La première fois que je suis venue, c'était en 1985. C'est mon médecin qui me l'a conseillé. Grâce à cette eau je suis en pleine forme.

20 minutes dans l'eau à 36 degrés, puis cinq minutes dans celle à 40. C'est excellent pour la santé. <i>Mais à la nuit tombée,</i> <i>changement d'ambiance.</i> <i>Oubliez l'atmosphère relaxante,</i> <i>les bains se transforment</i> <i>en boîte de nuit à ciel ouvert.</i> <i>Des fêtes comme</i> <i>on en voit nulle part ailleurs</i> <i>et qu'on appelle des sparty,</i> <i>c'est-à-dire des fêtes dans un spa.</i> C'est une super soirée, ce qu'il y a de mieux.

J'adore Budapest. <i>La soirée va se </i> <i>prolonger jusqu'au petit matin,</i> <i>symbole du parfum de liberté</i> <i>qui aurait conquis la capitale hongroise.</i> <i>Sauf que depuis peu, des vents contraires</i> <i>soufflent sur la perle du Danube.</i>

<i>Des mouvements identitaires</i> <i>et conservateurs qui prônent,</i> <i>un retour à la Hongrie d'antan.</i> <i>Nouvelle destination </i> <i>incontournable d'Europe,</i> <i>Budapest est une ville aux deux visages</i> <i>qui cherche son identité.</i> <i>Marquée par son passé impérial,</i> <i>guerres et 45 ans d'occupation soviétique,</i> <i>la ville a entamé</i> <i>une métamorphose spectaculaire.</i>

<i>Son patrimoine architectural exceptionnel</i> <i>hérité de l'Empire austro-hongrois,</i> <i>attire chaque année </i> <i>4 millions de touristes.</i> <i>Mais beaucoup </i> <i>viennent aussi pour son côté déjanté.</i> <i>À Budapest,</i> <i>tous les excès sont permis.</i> J'ai jamais vu un truc pareil. <i>Fêtes mémorables,</i> <i>le plus grand</i> <i>festival musical d'Europe...</i> Je ne pensais pas le faire, je l'ai fait ! <i>Même des parcs d'attractions uniques,</i> <i>ambiance Guerre Froide.</i>

Je me sens comme un môme qui a les meilleurs jouets du monde. <i>Ici, les touristes peuvent conduire</i> <i>des chars comme à la guerre.</i> <i>Sauf que derrière</i> <i>cette façade festive et insouciante,</i> <i>la ville est ébranlée</i> <i>par des mouvements réactionnaires.</i>

<i>Le gouvernement </i> <i>dirigé par Viktor Orban</i> <i> a fait voter plusieurs lois</i> <i>qui nie les droits des homosexuels.</i> Je ne pourrais même plus prendre la main de Tamara dans la rue. <i>Des mouvements d'extrême droite</i> <i>sont même ouvertement homophobes.</i> Je pense que l'homosexualité ne doit pas s'afficher dans la rue. <i>Adeptes de la provocation,</i> <i>ils se sont même attaqués</i> <i>au géant mondial du soda,</i> <i>l'accusant de promouvoir la pédophilie.</i> <i>D'après eux, la solution serait</i> <i>un retour aux valeurs traditionnelles</i> <i>de la Hongrie éternelle.</i>

<i>Autre enjeu,</i> <i>celui de la noblesse hongroise,</i> <i>contrainte à l'exil</i> <i>et spoliée par l'occupant soviétique.</i> <i>Elle veut oublier </i> <i>le passé et tente désespérément</i> <i>de récupérer ses terres et ses biens.</i> Les communistes nous ont tout pris. Je trouve que de ne pas nous rendre ces châteaux, ce n'est pas correct de la part du gouvernement hongrois. <i>Plongée inédite</i> <i>dans cette capitale d'Europe centrale,</i> <i>tiraillée entre son passé</i> <i>et la quête de sa nouvelle identité.</i> <i>Une surprise dont Lucie une française</i> <i>de 37 ans, se rappellera longtemps.</i>

<i>Il est 9 h du matin.</i> <i>En limousine, Mehdi vient la chercher,</i> <i>elle et ses amis à l'aéroport de Budapest.</i> <i>Ce Français installé </i> <i>en Hongrie en a fait son business.</i> <i>Il est spécialisé dans </i> <i>les enterrements de vie de célibataires.</i> <i>Les dix copines </i> <i>originaires de Saint-Lô, en Normandie,</i> <i>ont fait appel à lui pour </i> <i>enterrer la vie de jeune fille de Lucie.</i>

<i>Cette conseillère bancaire de 37 ans</i> <i>doit se marier dans quelques semaines.</i> <i>Sans rien lui dire, ses amis lui ont</i> <i>organisé un programme assez déjanté.</i> -Vous n'êtes pas fatigué ? -Ça va.

-Vous vous attendez à quoi ? -À faire la fête. <i>Au programme trois jours </i> <i>de fête et des activités très insolites.</i> <i>Budapest est devenue la capitale d'Europe</i> <i>des enterrements de vie de célibataires.</i> <i>Plus de 15 agences spécialisées, comme</i> <i>celle de Medhi, proposent leurs services</i> <i>pour réaliser les désirs</i> <i>les plus inattendus des futurs mariés.</i>

<i>Pour seulement 300 € par personne,</i> <i>billets d'avion,</i> <i>logement et activités compris.</i> Nos conjoints sont allés à Budapest ensemble faire la fête, au tout début de nos relations, il y a sept ans. En gros, on a bien compris qu'il s'était bien amusé. -Une vengeance. -C'est ça.

J'ai rêvé de mon enterrement de vie de jeune fille, là, elles ne m'ont pas raté. <i>Direction le centre-ville.</i> <i>L'organisateur leur a réservé</i> <i>un appartement au dernier étage</i> <i>d'une résidence de grand standing.</i>

-Bienvenue à Budapest. -Merci. Vas-y, entres donc. Oh, une mariée ! Bienvenue chez toi. <i>170 mètres carrés, </i> <i>avec quatre chambres</i> <i>et deux salles de bains.</i>

On se fera des bains toutes ensemble. -Il y a un sauna ? -Oui, il y a un sauna. -Il y a un sauna dans le fond. -C'est incroyable.

<i>Le must, la terrasse avec </i> <i>vue panoramique sur les toits de Budapest.</i> <i>Un luxe que Lucie et ses amis</i> <i>n'auraient jamais pu s'offrir en France.</i> <i>L'appartement ne coûte que </i> <i>200 € par nuit, 20 € par personne.</i> <i>C'est trois fois moins cher qu'à Paris.</i> Après la limousine, la pingre et ses Gossip Girl, ça ne pourrait pas être mieux.

<i>Si les filles ont choisi Budapest,</i> <i>ce n'est pas seulement </i> <i>pour ses beaux appartements.</i> <i>Elles attendent avec impatience</i> <i>une attraction unique en son genre,</i> <i>qui promet des sensations fortes.</i> <i>Pour ça, </i> <i>elles ont fait appel à Gabor.</i>

<i>Quand cet ancien armurier </i> <i>de l'armée hongroise se rend à son bureau,</i> <i>les habitants de Budapest </i> <i>ont l'impression d'être revenus</i> <i>50 ans en arrière, à l'époque communiste.</i> <i>Gabor circule toujours</i> <i>dans cette Jeep russe des années 50.</i> C'est un véhicule très rare qui fait parti de l'histoire de l'Europe centrale. Cette voiture est parfaite pour faire la publicité de mon entreprise et de la période de l'histoire que je propose de faire revivre à mes clients. La Guerre Froide. <i>Passionné d'histoire, il a créé un parc de</i> <i>loisirs dédié à la Guerre Froide.</i>

<i>Installé sur </i> <i>l'ancien aéroport de la ville,</i> <i>il retrace l'histoire militaire</i> <i>du pays des années 50 jusqu'aux années 90,</i> <i>quand la Hongrie </i> <i>vivait sous la tutelle de l'URSS.</i> <i>Gabor a réuni ici pas moins </i> <i>de 200 engins de l'armée hongroise.</i> Bienvenue derrière le rideau de fer. Ici, c'est moi le dictateur.

<i>Des transporteurs </i> <i>de troupes D-442, des tanks T-55,</i> <i>des lance-roquettes, des hélicoptères</i> <i>ou encore des avions de chasse MiG-21,</i> <i>un arsenal militaire</i> <i>hérité de l'occupation soviétique.</i> <i>L'Armée Rouge a occupé la Hongrie</i> <i>jusqu'en 1991.</i> <i>30 ans plus tard.</i> OK messieurs, suivez-moi.

<i>Ces engins qui ont </i> <i>fait trembler l'Europe font aujourd'hui</i> <i>la joie des jeunes </i> <i>touristes en quête de sensations fortes.</i> <i>Au programme jouer à </i> <i>la guerre en chevauchant un char d'assaut.</i> <i>Ou s'envoler à bord d'un avion de combat.</i> <i>Ils sont une centaine</i> <i>à débarquer ici chaque jour,</i> <i>curieux de découvrir </i> <i>cet arsenal colossal avec lequel Gabor</i> <i>pourrait assiéger la ville.</i> <i>C'est une collection </i> <i>unique qui vaut une petite fortune.</i> <i>Il y en a pour </i> <i>quelques millions d'euros de matériel.</i>

Aujourd'hui, pour le même prix, vous pouvez vous acheter soit une Ferrari, soit un tank T-55 ou T-72. À vous de choisir. <i>Ce tank vaudrait aujourd'hui 150 000 €.</i> <i>Pour un avion de chasse comptez le double.</i> <i>Mais Gabor </i> <i>et ses associés ont fait une affaire,</i> <i>en les achetant trois fois moins cher,</i> <i>il y a 30 ans, à la chute de l'URSS.</i>

Ça, c'est un système antiaérien. Notre armée l'utilise encore. Ici, c'est un véhicule blindé qui permettait de transporter des troupes. <i>L'ancien militaire </i> <i>a investi à l'époque car il était persuadé</i> <i>que ces engins </i> <i>spectaculaires attireraient les curieux</i> <i>et qu'il pourrait gagner pas mal d'argent.</i>

<i>Tarifs de base pour accéder au parc</i> <i>et simplement admirer le matériel, 48 €.</i> <i>Pour le clou du spectacle,</i> <i>la virée en char,</i> <i>il facture 30 € les quinze minutes.</i> Je me sens comme un môme qui a les meilleurs jouets du monde. <i>Il vaut mieux réserver,</i> <i>car c'est devenu l'attraction star</i> <i>des futurs mariés</i> <i>qui arrivent de toute l'Europe,</i> <i>spécialement </i> <i>pour ce tour de manège militaire.</i> <i>Contrairement aux idées reçues,</i> <i> il n'y a pas que les garçons</i> <i>qui ont envie de jouer à la guerre.</i> <i>Nous y retrouvons Lucie et ses copines.</i>

Ça fait longtemps que je dis que j'ai envie de conduire des engins. <i>Medhi, l'organisateur du week-end</i> <i>ne veut pas les décevoir.</i> <i>Alors, il les a inscrites</i> <i>pour le tour spécial grand frisson.</i> On est dans l'extrême, conduite de char d'assaut. Elles vont pouvoir expérimenter le T-55.

C'est un char russe. Fabrication russe, donc quelque chose d'extrême. Ça va être sympa.

<i>Voici l'engin.</i> <i>Un mastodonte de 45 tonnes,</i> <i>ancien fleuron de l'armée russe,</i> <i>qui était encore </i> <i>en manœuvre il y a 30 ans,</i> <i>tout comme son pilote,</i> <i>Georges, un ancien colonel.</i> <i>Ambiance virile.</i> Mon surnom, c'est Georges Gros Calibre. J'étais le meilleur de l'armée hongroise. -Vous êtes allé dans une zone de guerre ? -C'est top secret.

Pas d'autres questions ? Si je vous le disais je devrais vous tuer. <i>Les filles grimpent à bord de ce tank</i> <i>qui a été quelque peu aménagé,</i> <i>et transformé en décapotable.</i> <i>La tourelle a été démontée</i> <i>pour que les touristes profitent</i> <i>du spectacle et </i> <i>des sensations, comme dans un manège.</i> <i>Avant de démarrer, place aux traditions.</i>

<i>Georges propose un toast à la pálinka,</i> <i>une eau de vie typiquement hongroise.</i> <i>Le char a beau avoir été démilitarisé,</i> <i>il reste tout de même</i> <i>une arme de guerre extrêmement dangereuse.</i> <i>Mais ça n'empêche pas Georges,</i> <i>comme à chaque fois,</i> <i>de laisser les commandes</i> <i> aux touristes, comme Lucie,</i> <i>qui n'a aucune expérience militaire.</i> Pour tourner à droite tire cette manette. Pour la gauche, tu pousses l'autre. Voilà, tu vas à gauche, c'est parfait.

Vas-y, appuie sur l'embrayage, vas tout droit. C'est une super conductrice. C'est comme à la guerre, c'est génial. <i>Après cette mise en bouche,</i> <i>le colonel George reprend le volant</i> <i>pour leur montrer toutes</i> <i>les capacités de sa machine.</i>

Accrochez-vous. <i>Des montagnes russes made in Budapest.</i> <i>Si certains vestiges </i> <i>de l'Armée Rouge servent aujourd'hui</i> <i>à divertir les touristes,</i> <i>il n'en est pas de même</i> <i>pour les monuments</i> <i>à la gloire du communisme.</i> <i>Lénine, Staline, Engels, </i> <i>toutes ces figures du communisme,</i> <i>ont été reléguées dans un drôle de musée,</i> <i>sur un terrain </i> <i>vague à la sortie de Budapest.</i> <i>Nous sommes au Memento Park,</i> <i> le parc de la Mémoire.</i> La chute du communisme entre 1985 et 1989 a été très soudaine.

<i>Aujourd'hui,</i> <i>un groupe de visiteurs hongrois</i> <i>est venu se replonger</i> <i>dans cette partie sombre</i> <i>de l'histoire de </i> <i>leur pays, occupé par les Soviets,</i> <i>entre 1947 et 1991.</i> Regardez ce soldat de l'URSS lourdement armé. Vous pouvez voir sa mitraillette et il brandit fermement le drapeau de l'Union soviétique. Observez aussi ses yeux.

Il contemple l'avenir très fièrement. <i>En 1991,</i> <i>Budapest décida de réunir ici</i> <i>ses 41 monuments de l'ère soviétique,</i> <i>auparavant érigés dans tous </i> <i>les endroits stratégiques de la ville.</i> Là, c'est le soldat hongrois de l'Armée Rouge, cette statue était à droite de celle de Staline, sur l'une des places les plus importantes de Budapest. La Hongrie est le seul pays qui n'a pas détruit ces statues.

On les a gardés pour se rappeler et apprendre du passé. <i>Ce lieu impressionnant</i> <i>et insolite attire aujourd'hui</i> <i>de nombreux nostalgiques du bloc de l'Est.</i> Je suis photoreporter. À l'époque, j'ai photographié ces statues quand elles étaient encore en ville. Ce n'était pas une époque si difficile. Tous les HLM aujourd'hui à Budapest, ont été construits pendant le socialisme.

Le prix d'un appartement à l'époque vaut celui d'un mètre carré aujourd'hui. Je suis né en 1945 et j'ai toujours vu ces statues. Est-ce que je suis nostalgique ? Non, je ne crois pas. Mais ce qu'il y avait de bien à l'époque, c'est la sécurité. Tout le monde avait un travail, on n'avait pas beaucoup d'argent, mais on vivait correctement. <i>Mais à Budapest,</i> <i>une partie de la population</i> <i>tient plus que tout à oublier</i> <i>cette période de domination soviétique.</i>

<i>C'est la noblesse hongroise.</i> <i>En 1947, les communistes</i> <i>leur ont confisqué tous leurs biens.</i> <i>La plupart a fui le pays laissant derrière</i> <i>eux leur château de famille.</i> <i>Justement, aujourd'hui,</i> <i>au Château de Fot, près de Budapest,</i> <i>on célèbre un événement.</i> <i>Drapeaux et habits traditionnels</i> <i>de l'Empire austro-hongrois.</i>

<i>On fête les 90 ans </i> <i>du comte Laszlo Karolyi.</i> Il fait chaud. <i>Une des plus grandes </i> <i>familles de l'aristocratie hongroise.</i> <i>Après avoir fui le pays pendant</i> <i>50 ans, il est revenu avec sa femme,</i> <i>au début des années 90,</i> <i>sur ses terres ancestrales.</i> C'est l'église de la famille.

<i>Tout le village </i> <i>s'est rassemblé pour rendre hommage</i> <i>à cette famille</i> <i>qui a régné sur Budapest pendant 400 ans.</i> <i>Pendant le règne soviétique,</i> <i>le comte s'était exilé en Amérique du Sud,</i> <i>puis en Angleterre.</i> <i>Mais contrairement à d'autres pays</i> <i>comme la République tchèque,</i> <i>la Roumanie ou la Slovaquie,</i> <i>aujourd'hui, la loi hongroise</i> <i>ne permet pas la restitution des biens</i> <i>confisqués à leurs anciens propriétaires.</i>

<i>Le comte Laszlo</i> <i>a vécu ici toute son enfance.</i> <i>Mais aujourd'hui, pour y vivre,</i> <i>il doit verser un loyer à l'État</i> <i>plusieurs centaines d'euros chaque mois.</i> Vous êtes content de vivre ici ? Je suis très heureux, parce que c'est ici que je suis né. Ce château appartient à la famille depuis 1820. Les Karolyi, il y en avait beaucoup. C'était la famille la plus riche de Hongrie, mais ça ne nous appartient plus.

Les communistes nous ont tout pris. -Il n'y a pas eu de restitution. -Et vous en pensez quoi ? Qu'est-ce qu'on peut dire ? Au moins, on y habite. C'est déjà ça. Néanmoins, je trouve que de ne pas nous rendre ces châteaux, ce n'est pas correct de la part du gouvernement hongrois.

Quand on est revenu ici, il n'y avait plus rien. C'était complètement vide. C'est l'arrière-grand-mère de Laslow, Clarissa. <i>Le château a été nationalisé en 1947</i> <i>et a servi d'orphelinat</i> <i>pour des enfants hongrois.</i> <i>Aujourd'hui, le rez-de-chaussée</i> <i>est loué à un restaurant.</i> <i>Le comte et sa femme</i> <i>occupent le premier étage.</i>

Si vous voulez bien me suivre. Ici, c'est notre petite salle à manger. Ici, c'est la galerie. Pendant le communisme, ce devait être une sorte de hall. Les chambres des enfants étaient là-bas.

J'ai essayé d'arranger les pièces pour que ce soit plus convivial. Ici, j'aime organiser des concerts et des événements culturels. Oh mon Dieu, qu'il fait chaud ici, je vais défaillir.

Prenez une cerise. Elles sont délicieuses, elles viennent du château. Bonjour ! <i>Comme eux, à la chute de l'URSS,</i> <i>environ 20 % des aristocrates hongrois</i> <i>sont revenus sur leurs terres</i> <i>après un demi-siècle d'exil.</i> <i>Aujourd'hui, ils se retrouvent entre eux,</i> <i>pour l'anniversaire du comte Karolyi.</i>

<i>Aucun n'a pu récupérer son château.</i> <i>Mais étonnamment,</i> <i>depuis quelques années,</i> <i>des familles ont droit</i> <i>à la restitution de leurs œuvres d'art.</i> <i>C'est cet homme, Sigmund Peroni,</i> <i>qui est chargé de cette mission.</i> On ira au lac Balaton en août. Nous aussi.

Parfait, Vous viendrez chez nous. Merci. Faisons comme ça. <i>Sa famille a fui le communisme en Suède.</i>

<i>Il y a dix ans, </i> <i>Sigmund est revenu à Budapest.</i> <i>Ce proche du gouvernement a aidé Karolyi,</i> <i>à récupérer leurs œuvres d'art,</i> <i>saisies à l'époque </i> <i>par les soldats soviétiques.</i> Les deux ici.

Toutes les choses que vous voyez-là, avec le miroir. Et tout cela, nous les avons redonné aux familles. <i>Pour récupérer leurs biens,</i> <i>les Karolyi ont dû suivre une procédure.</i> On a établi une commission de restitution en Hongrie.

Si une famille a une preuve, une image ou un livre pour faire preuve, c'est bon. Si la Commission a décidé de donner la légalité, ça retourne aux familles. <i>Cette commission existe depuis 2013.</i>

<i>Jusqu'à aujourd'hui,</i> <i>Sigmund a pu mettre</i> <i>la main sur seulement 5 % des objets</i> <i>qui appartenaient aux Karolyi.</i> Le salon vert. On a redonné les deux-là, et ici.

Et celui-ci. C'est vraiment la propriété de la famille. On a eu des grandes familles aristocratiques qui étaient très riches avec beaucoup de choses. 80 % a simplement disparu et est encore aujourd'hui sur le territoire de Russie, quelque part, on ne sait pas où. -Chez qui ? -On ne sait pas.

Des soldats sont venus et ont collecté tout ce qu'il y avait, tout est en Union Soviétique. <i>La quasi-totalité de </i> <i>leurs œuvres sont sans doute</i> <i>encore aujourd'hui quelque part en Russie</i> <i>et il sera impossible</i> <i>pour cette famille de les récupérer.</i> <i>Marquée par les guerres</i> <i>et les différentes occupations,</i> <i>le visage de Budapest</i> <i>est sans cesse en mouvement.</i>

<i>Selon les époques,</i> <i>les bâtiments changent</i> <i>de propriétaire et se réinventent.</i> <i>Tout se transforme.</i> <i>Comme ces piscines pour enfants,</i> <i>qui sont devenus</i> <i>les meilleures tables d'un bar branché.</i>

<i>Symbole des bouleversements qu'a</i> <i>connus la ville, l'ancien quartier juif.</i> <i>Historiquement,</i> <i>c'était l'un des secteurs</i> <i>les plus pauvres de la ville,</i> <i>un ghetto populaire</i> <i>où vivaient 70 000 Juifs.</i> <i>La plupart est déportée dès 1942,</i> <i>20 000 seront fusillés</i> <i>et jetés dans le Danube.</i> <i>Les immeubles</i> <i>ont été entièrement bombardés.</i>

<i>Pourtant, 70 ans plus tard, c'est </i> <i>bien ici que convergent tous les soirs</i> <i>la jeunesse hongroise et les touristes.</i> <i>Le quartier est </i> <i>devenu un temple de la fête.</i> On est à Budapest, il fait super beau. J'adore cet endroit. C'est la première fois que je viens ici. <i>Sur deux kilomètres carrés,</i> <i>il y a une concentration exceptionnelle</i> <i>de 800 bars et boîtes de nuit.</i>

<i>Ces touristes français</i> <i>ont jeté leur dévolu sur </i> <i>l'un des plus grands</i> <i>établissements du quartier,</i> <i>une institution de la capitale hongroise.</i> <i>2500 mètres carrés aux allures de squat,</i> <i>répartis sur deux étages, </i> <i>avec neuf bars.</i> <i>Chaque soir,</i> <i>plus de 1000 fêtards viennent</i> <i>s'y lâcher jusqu'au bout de la nuit.</i>

<i>Les prix sont imbattables.</i> C'est à peu près 6 € le cocktail. En France dans un bar qui sera à peu près comme ça, ce serait à 10 €. Comparé à la France, c'est ouvert 24h sur 24. Sept jours sur sept non-stop.

C'est des malades. <i>Cet établissement a été </i> <i>le premier à lancer une mode décalée</i> <i>qu'on ne trouve qu'à Budapest.</i> <i>Les ruines-bar.</i>

<i>Installé</i> <i>dans une usine désaffectée,</i> <i>il n'est décoré qu'avec de la récup.</i> <i>Lampe chirurgicale au plafond,</i> <i>graffitis aux murs,</i> <i>et baignoire en guise de divan.</i> <i>Ici, plus c'est extravagant, mieux c'est.</i> À chaque fois que je viens ici il y a des nouveautés. Est-ce que tu avais vu qu'il y avait ce truc qui était suspendu ? <i>Quand il a ouvert,</i> <i>l'établissement était le premier du genre.</i> <i>Depuis, il a fait </i> <i>des émules dans le monde entier.</i>

<i>Mais dans l'ancien quartier juif,</i> <i>tout le monde </i> <i>ne partage pas l'enthousiasme des fêtards.</i> <i>À commencer par les riverains,</i> <i>qui vivent un calvaire</i> <i>à cause du tapage nocturne.</i> Allez-y entrer, ne faites pas de bruit. <i>Dans cet immeuble,</i> <i>l'ambiance n'est pas à la fête.</i>

<i>Rita et ses deux voisins</i> <i>en ont ras-le-bol.</i> <i>Ils ont monté un comité de riverains,</i> <i>qui tente, avec ses petits moyens,</i> <i>de ramener le calme dans le quartier.</i> Crier dans une zone résidentielle, au beau milieu de la nuit à 3 h du matin n'est pas normal.

À cause de ça, notre vie a changé. On ne dort plus. <i>Rita est professeur d'anglais.</i>

<i>Elle vit avec son fils </i> <i>dans ce 80 mètres carrés,</i> <i>acheté il y a 20 ans.</i> <i>À l'époque, tout était calme.</i> <i>Aujourd'hui, dès </i> <i>qu'elle ouvre ses doubles fenêtres,</i> <i>elle a l'impression</i> <i>d'être en boîte de nuit.</i> J'avais 25 ans quand j'ai emménagé ici.

À cette époque, ce n'était pas comme ça. <i>Il n'y a pas que le bruit qui la dérange.</i> <i>Quand elle sort de chez elle,</i> <i>la mère de famille doit slalomer</i> <i>entre les bouteilles d'alcool vides</i> <i>et les touristes ivres.</i> Toi, ne filmes pas. Je suis sérieuse là.

Regardez, un qui ne marche plus droit. Vous avez vu ça ? Ça arrive tout le temps. L'alcool, c'est l'attraction phare de Budapest.

L'alcool pas cher. <i>C'est tous les soirs le même scénario.</i> <i>Un triste spectacle,</i> <i>qui rend la vie</i> <i>de tous les riverains impossible.</i> <i>À quelques dizaines </i> <i>de mètres de sa porte d'entrée,</i> <i>une touriste française</i> <i>est en plein coma éthylique.</i>

<i>Ses amis appellent à l'aide.</i> Si vous avez une couverte à lui mettre. Vous devriez appeler une ambulance. Ce n'est pas à moi de le faire. Vous devez l'appeler.

On les a déjà appelé deux fois, et c'est dans 50 minutes. Tous les soirs, c'est pareil. <i>L'ambulance arrivera </i> <i>quelques minutes plus tard.</i> <i>Excédée par tous ces débordements, </i> <i>Rita mène un combat compliqué.</i> <i>Elle veut faire fermer </i> <i>les bars de son quartier à minuit.</i> <i>Pour prouver</i> <i>que sa vie est devenue infernale,</i> <i>elle sort tous </i> <i>les soirs filmer ses dérapages,</i> <i>espérant ainsi convaincre les autorités</i> <i>que c'est allé trop loin.</i>

<i>Mais son comportement dérange.</i> <i>Elle est régulièrement prise à partie</i> <i>par les gérants d'établissements.</i> Vous avez la permission de filmer ? De filmer ce genre de scène devant mon propre immeuble ? Vous pensez vraiment que je dois demander la permission ? Les gars de la sécurité ne veulent jamais qu'on filme leur établissement. <i>Les commerçants font tout</i> <i>pour protéger leur business très lucratif.</i>

<i>Il faut dire que</i> <i>les touristes sont une manne.</i> <i>Ils rapportent des </i> <i>dizaines de millions d'euros par an.</i> <i>Cette concierge voisine de Rita,</i> <i>a elle aussi son lot de problèmes à gérer.</i>

L'autre jour, à 5 h du matin, dans les couloirs, de jeunes Hollandais ont organisé un concours, pour voir qui pouvait uriner dans mon bac à fleurs. Ce n'est qu'une question d'argent, parce qu'ils ont plus d'argent, ils pensent qu'ils peuvent faire ce qu'ils veulent. Vous pouvez vous payer une prostituée, boire dans la rue, crier fort et détruire la vie des gens si vous avez l'argent. <i>Ces dix dernières années,</i> <i>8000 riverains</i> <i>ont fini par quitter le quartier.</i> <i>Mais depuis notre tournage,</i> <i>Rita a enfin gagné son combat.</i> <i>Les bars du quartier </i> <i>devront fermer à minuit.</i>

<i>De quoi peut-être faire revenir</i> <i>un peu de calme</i> <i>dans les ruelles du centre-ville.</i> <i>Quant aux touristes,</i> <i>ils peuvent toujours se consoler</i> <i>dans un lieu à l'écart,</i> <i>où le bruit ne gêne personne.</i> <i>Voici l'événement incontournable</i> <i>qui fait vibrer Budapest tous les étés.</i> <i>Le Sziget.</i>

<i>Après deux éditions</i> <i>annulées à cause du COVID,</i> <i>le plus grand festival d'Europe</i> <i>fera son grand retour l'année prochaine.</i> <i>Rock, pop, musique électronique.</i> <i>Pendant une semaine, 600 concerts,</i> <i>et des milliers de spectacles,</i> <i>s'enchaînent sans interruption 24h sur 24.</i> <i>Les têtes d'affiche, comme Rihanna,</i> <i>font venir 600 000 jeunes du monde entier.</i> <i>Pour la France,</i> <i>voici l'homme chargé</i> <i>d'acheminer les touristes, Andrach.</i>

<i>Il affrète chaque été des dizaines de bus</i> <i>au départ de toutes</i> <i>les grandes villes de l'Hexagone.</i> <i>Ces jeunes arrivent de Nantes.</i> <i>Ils ont enduré 19 h </i> <i>de route en cars pour être là.</i> On voulait en avoir pour notre argent et avoir des beaux souvenirs. <i>Le festival fonctionne en vase clos,</i> <i>comme les plus grands parcs d'attraction.</i>

<i>Nourriture, camping, </i> <i>activités, tout est pris en charge.</i> <i>Créé en 1993, à la chute de l'U.R.S.S,</i> <i>le festival était à l'origine</i> <i>un rendez-vous pour les jeunes Hongrois</i> <i>qui avaient soif de liberté après </i> <i>des années de Guerre Froide, de dictature.</i> <i>Aujourd'hui, </i> <i>l'esprit rebelle des pionniers a disparu.</i> <i>La moitié des clients vient de l'étranger</i> <i>et est plus intéressé par le côté déjanté</i> <i>que par la politique.</i> Au début, le slogan était "Il nous faut une semaine ensemble".

Nous, c'est les étudiants. C'était quelque chose qui était proposé pour les Hongrois, les universitaires. C'est devenu une vraie machine de guerre dans les années 2000. <i>Yohan, 34 ans,</i> <i>a été attiré par le prix attractif.</i> <i>340 € la semaine </i> <i>et l'ambiance, tout est permis.</i> <i>Il rêvait de musique</i> <i>et de faire du saut à l'élastique.</i>

<i>Et ici, c'est possible.</i> On doit avoir une belle vue de là-haut. C'est ça qui m'intéresse. <i>Comptez 60 €</i> <i>pour cinq minutes d'adrénaline.</i>

Je ne suis pas du tout serein. Pourquoi j'ai fait ça ? Je veux pas le faire. <i>Un saut dans le vide,</i> <i>de 60 mètres.</i> Je pensais ne pas le faire, je l'ai fait. <i>Côté expériences inédites,</i> <i>il y a encore mieux au Sziget.</i>

<i>Le festival est réputé</i> <i>pour son côté libertaire,</i> <i>voire libertin.</i> <i>Ici, on peut se marier pour cinq minutes,</i> <i>ou pour une semaine, le temps du festival.</i> <i>Les fausses cérémonies </i> <i>de mariage sont une spécialité locale.</i>

<i>Un copain de Yohan, Jimmy,</i> <i>le célibataire de la bande,</i> <i>vient apparemment de trouver l'âme sœur.</i> <i>Sans transition...</i> -Veux tu m'épouser ? -Oui. <i>il lui passe la bague au doigt.</i> <i>Pour 50 €,</i> <i>les voilà mari et femme de festival,</i> <i>grâce à ce faux contrat de mariage.</i> C'est presque vrai.

<i>Mais dans ce pays très conservateur,</i> <i>ce festival libéral dérange.</i> <i>Entre les fêtards et certains Hongrois,</i> <i>c'est le choc des cultures.</i> <i>Cet après-midi, à l'entrée du Sziget,</i> <i>des manifestants jouent les trouble-fête.</i> <i>Ces jeunes font partie d'un groupe</i> <i>d'extrême droite bien connu en Hongrie.</i> <i>Son nom,</i> <i>Mi Hasank, en français,</i> <i>notre patrie.</i> <i>À l'origine de leur colère,</i> <i>cette publicité Coca-Cola,</i> <i>le principal sponsor du festival.</i>

<i>Placardée dans toute la ville,</i> <i>elle montre</i> <i>des couples homosexuels enlacés.</i> <i>Intolérable pour ces conservateurs</i> <i>qui n'hésitent pas à faire l'amalgame</i> <i>entre homosexualité et pédophilie.</i> <i>Leur riposte,</i> <i>détourner le logo de la marque</i> <i>en insinuant que Coca</i> <i>pourrait bientôt</i> <i>faire la promotion de la pédophilie.</i> Nous manifestons contre la campagne de Coca Cola qui cherche à populariser ces déviances.

Nous distribuons des prospectus devant l'entrée du Sziget pour attirer l'attention sur les conséquences néfastes de cette campagne. En faisant ça, Coca Cola n'est pas dans son rôle de marque. Nous condamnons cette campagne. <i>Quelques jours plus tard,</i> <i>nous retrouvons ces militants</i> <i>lors d'un de leurs rassemblements.</i> <i>Ici, pas de stars internationales,</i> <i>mais plutôt du folklore local,</i> <i>et des manèges à l'ancienne.</i>

<i>On y célèbre en famille,</i> <i>une certaine idée</i> <i>de la Hongrie éternelle.</i> Ça, c'est le drapeau des premiers rois de Hongrie. <i>Au programme,</i> <i>des conférences </i> <i>sur des thèmes nationalistes</i> <i>et conspirationnistes.</i> Nous savons que le gouvernement et l'opposition sont dirigés clandestinement par la même loge de franc maçon. <i>Et toute une propagande guerrière,</i> <i>comme ces jouets d'enfants</i> <i>ou ces livres à la gloire</i> <i>de l'ancien dictateur hongrois,</i> <i>allié d'Adolf Hitler en 39-45.</i> Ce sont des livres patriotiques.

<i>Ici, on ne cache pas sa nostalgie</i> <i>d'une Hongrie impériale</i> <i>qui dominait l'Europe centrale.</i> <i>Et les dérapages sont nombreux.</i> <i>Ici, le responsable</i> <i>de la jeunesse du parti,</i> <i>tout sourire devant des saluts nazis.</i> <i>En France, ces gestes </i> <i>pourraient être condamnés</i> <i>pour incitation à la haine raciale.</i> <i>Sur cette vidéo, le leader </i> <i>du mouvement, Laszlo Torozkayi,</i> <i>fait la promotion d'armes d'autodéfense.</i> Les armes peuvent être achetées sans autorisation pour défendre votre maison ou protéger vos biens.

Et si vous préférez, des moyens plus traditionnels, prenez cette belle pièce de musée. <i>Autres cibles, les Roms.</i> <i>Et là aussi, ils versent dans l'amalgame.</i> Des chefs roms, des policiers et des chercheurs ont tous confirmé que l'on peut faire le lien entre le vol et la communauté rom.

Si on ne parle pas de ça franchement, c'est aussi un problème ethnique. Quant aux chefs roms, au lieu de se remplir les poches, il ferait mieux de l'avouer et s'occuper de ce problème dans leur communauté. <i>Des propos condamnables</i> <i>mais qui ici ne choque personne.</i> <i>Et il enchaîne</i> <i>avec son autre préoccupation du moment.</i> Ici on ne veut pas de Coca cola. <i>Le responsable de la branche jeunesse</i> <i>nous explique ce qui le dérange tant</i> <i>dans ces photos de couples homosexuels.</i>

C'est quelque chose que nous n'acceptons pas parce que ces affiches ont été vues par de nombreux enfants. Je pense que l'homosexualité ne doit pas s'afficher dans la rue. <i>Coca Cola ne doit pas se mêler</i> <i> de politique et retirer ses affiches.</i> C'est la première étape d'une pensée libérale qui s'immisce lentement dans la société. Peut-être que la prochaine étape sera l'acceptation de la pédophilie.

<i>Le leader du </i> <i>mouvement est allé encore plus loin</i> <i>en appelant au boycott de</i> <i> la marque devant une usine de fabrication</i> <i>des fameuses bouteilles.</i> Coca zéro, zéro propagande homosexuelle. <i>En France, ce type de propos tomberaient</i> <i>sous le coup de la loi</i> <i>et serait condamné.</i> <i>Mais ici, ces revendications</i> <i>ont été entendues</i> <i>jusqu'au plus haut sommet de l'État.</i> <i>La justice hongroise </i> <i>a donné raison aux militants</i> <i>condamnant Coca-Cola</i> <i>à retirer ses affiches</i> <i>et à verser 1 500 € d'amende.</i>

<i>Ce n'était que la première étape</i> <i>d'une politique très controversée</i> <i>à l'égard de la communauté homosexuelle.</i> <i>Le mois dernier,</i> <i>le pays dirigé par Viktor Orban</i> <i>a adopté une loi qui interdit carrément</i> <i>toute représentation de l'homosexualité</i> <i>dans les livres, à la télé et au cinéma.</i> <i>Sous prétexte de vouloir</i> <i>protéger les valeurs familiales.</i> Je défendais la liberté sous l'occupation soviétique. L'homosexualité était punie à l'époque et je me suis battu pour leurs droits. Donc je défends les droits des homosexuels.

Ce n'est pas contre eux. Elle vise surtout à protéger les enfants et les familles. <i>Le leader du pays a une conception</i> <i>bien à lui des droits des homosexuels.</i>

<i>Il ne veut ni les voir ni les entendre.</i> <i>Le mariage gay est interdit,</i> <i>tout comme le</i> <i>changement de sexe à l'état civil.</i> <i>La communauté LGBT,</i> <i>révoltée a manifesté son opposition</i> <i>à plusieurs reprises devant le Parlement.</i> <i>Mais cela n'a rien changé</i> <i>aux convictions du gouvernement.</i> <i>Alors en Hongrie,</i> <i>de nombreux couples s'inquiètent</i> <i>de plus en plus</i> <i>pour leur avenir dans ce pays.</i>

Il y a de l'eau là-dedans. Merci. Je t'en prie, mon amour. <i>À l'image de </i> <i>Tamara et Elvira, transexuelles,</i> <i>ces ouvrières d'une usine automobile</i> <i>se sont rencontrées il y a six ans.</i>

C'est le grand amour. Je dis toujours que j'ai remporté le jackpot au loto avec elle. <i>Le couple rêve de vivre</i> <i>son histoire d'amour au grand jour.</i> <i>Mais les choses</i> <i>ne cessent de se compliquer.</i>

<i>Seule Elvira a pu changer </i> <i>de sexe sur ses papiers d'identité,</i> <i>juste à temps.</i> <i>Car un an après, la loi a changé,</i> <i>et Tamara n'a pas pu le faire.</i> Ma carte d'identité. J'ai un nom féminin Elvira Margarita Engal et je suis enregistrée comme femme, comme le montre ce numéro ici.

Sur la mienne, il y a une photo de femme comme dans la vie. C'est mon nom de naissance qui est malheureusement inscrit. Un prénom d'homme.

Thomas. Ce qui rend ma vie un peu difficile. <i>Dans leur malheur,</i> <i>elles ont quand même</i> <i>pu se marier presque sur un malentendu,</i> <i>car Elvira est devenue une femme.</i> <i>Comme Tamara est toujours un homme</i> <i>aux yeux de l'administration,</i> <i>leur mariage est donc autorisé,</i> <i>contrairement</i> <i>aux unions entre personnes du même sexe.</i> On a demandé à la mairie si ça leur posait problème, d'être toutes les deux habillées en femme. Ils ont accepté.

Pourtant, dans notre banlieue, les gens sont assez traditionnels. On a invité nos amis et on a célébré notre mariage. <i>Chez elles ou dans les rues de Budapest,</i> <i>le couple tient à s'afficher librement,</i> <i>comme ce soir,</i> <i>dans un des quartiers branchés</i> <i>de la capitale,</i> <i>où leur présence ne choque personne.</i> -On se tient la main devant tout le monde. -Ça ne te dérange pas ? J'ose le faire.

<i>Elvira et Tamara se battent</i> <i> pour se faire accepter,</i> <i>ne pas être jugées.</i> On a voyagé un peu partout en Hongrie et on a eu très peu de réactions hostiles, presque pas d'insultes. <i>Mais le couple redoute que désormais,</i> <i>à cause de cette nouvelle loi</i> <i>promue par le gouvernement d'Orban,</i> <i>les choses ne changent.</i> Avec cette loi, on ne sait pas du tout ce qui va nous arriver. J'ai peur.

Quand je sortirais dans la rue, que je croiserait un enfant ou un adolescent, mon apparence pourrait être considérée comme dangereuse et je risquerais d'être punie pour ça. Par exemple, je ne pourrais même plus prendre la main de Tamara dans la rue. Ça pourrait devenir trop risqué. Vous pensez que vous devriez quitter la Hongrie ? Non. Il faut rester, montrer qu'on a le droit de vivre ici, continuer de se battre. Si tout le monde s'en va, qui va gagner le combat ? <i>Dans cette ville, où les communautés</i> <i>s'affrontent de plus en plus,</i> <i>il y a un autre terrain</i> <i>qui cristallise les tensions,</i> <i>l'immobilier.</i>

<i>Le centre-ville a longtemps été populaire,</i> <i>bon marché,</i> <i>aujourd'hui, il est convoité</i> <i> par des magnats de l'immobilier</i> <i>et des investisseurs étrangers,</i> <i>attirés par la fiscalité très avantageuse.</i> <i>Mais leurs projets sont très controversés.</i> <i>Voici le dernier en date.</i> <i>22 hectares de commerces</i> <i>et de logements haut de gamme</i> <i>encastrés entre </i> <i>des immeubles centenaires du centre-ville.</i> <i>Auparavant, le quartier ressemblait à ça,</i> <i>mais la mairie, </i> <i>l'a confié à un promoteur</i> <i>spécialisé dans la rénovation urbaine.</i> <i>Il y a construit 2400 appartements,</i> <i>la plupart vendus</i> <i>en un temps record sur plan.</i>

<i>Ils font la fierté de Tibor,</i> <i>le PDG de l'entreprise de rénovation.</i> Voici l'un de nos appartements standards d'environ 85 mètres carrés. Sans compter la terrasse. Il y a trois chambres et un salon. Sa valeur, selon la situation du marché, est d'environ 350 000 €. Nous l'avons vendu il y a deux ans, et le client nous charge de le louer.

Donc nous le meublons, le louons et le gérons pour nos investisseurs. <i>Et dire que ce quartier </i> <i>était l'un des plus mal famés de Budapest.</i> <i>Aujourd'hui, le prix </i> <i>du mètre carré y frôle les 4 000 €,</i> <i>30 % plus cher que la moyenne de la ville.</i>

<i>Mais ces appartements font le bonheur</i> <i>des familles aisées et des investisseurs.</i> <i>Sauf que pour </i> <i>en arriver là, il a fallu déloger</i> <i>des milliers d'habitants.</i> Il y avait 1100 familles qui ont dû partir et il n'y a jamais eu de scandale. Elles ont toutes accepté notre offre et ont été heureuses de quitter ce quartier avec de l'argent en poche. <i>Mais tout le monde</i> <i>n'a pas la même version de cette histoire.</i>

<i>Ce matin, </i> <i>des riverains manifestent leur colère.</i> Tout le monde a le droit au logement. <i>Ils sont les premières </i> <i>victimes des projets immobiliers.</i> <i>Expropriés,</i> <i>tous ces habitants n'ont pas les moyens</i> <i>de se reloger en ville</i> <i>car les prix ont explosé.</i>

<i>La plupart d'entre eux</i> <i>est pourtant parfaitement insérée,</i> <i>comme Peter.</i> -À qui est la ville ? -À tout le monde. Que voulons-nous ? -Un logement ? -Pour quand ? Maintenant.

<i>À 31 ans, ce père de famille </i> <i>travaille pour la ville de Budapest</i> <i>comme agent d'entretien.</i> <i>Il manifeste aujourd'hui</i> <i>car il vit</i> <i>sous la menace permanente d'une expulsion.</i> <i>Voilà treize ans qu'il vit ici.</i> <i>Il est propriétaire</i> <i>dans cet ensemble d'immeubles délabrés,</i> <i>un bidonville</i> <i> en plein cœur de la capitale.</i> <i>Des logements sociaux </i> <i>appartennant à la ville depuis 50 ans.</i> <i>Mais la mairie a cessé de les entretenir</i> <i>car elle ne souhaite qu'une chose</i> <i>les vendre au plus offrant.</i>

<i>À l'extérieur,</i> <i>à cause des ordures qui jonchent le sol</i> <i>on se croirait dans une décharge.</i> Allez, viens ici ! <i>Peter ose à peine y promener son chien.</i> Vous voyez, il y a des tessons de verre partout. Si un enfant jouait ici, il risquerait de se tuer. <i>Ce matin, malgré sa vigilance,</i> <i>l'animal va en faire les frais.</i> Bon sang, on a un problème, il s'est coupé la patte.

<i>La coupure est importante.</i> <i>Peter rentre retrouver </i> <i>sa femme pour soigner l'animal.</i> On a de la bétaïne, tu me la donnes. Heureusement que ce n'est pas arrivé aux enfants.

C'est pour ça qu'on ne les laisse pas descendre. Il y a des gens qui jettent n'importe quoi par la fenêtre. Même des ordures. <i>Il est propriétaire</i> <i>de ce minuscule appartement</i> <i>où il vit avec sa femme </i> <i>Bernadette et leurs trois enfants.</i> <i>25 mètres carrés au total,</i> <i>avec une petite cuisine.</i>

<i>Ce salon qui fait aussi office de chambre</i> <i>et une micro salle de bain,</i> <i>c'est petit, mais Peter y est attaché.</i> <i>C'est la seule chose qu'ils possèdent.</i> <i>Aujourd'hui, </i> <i>la municipalité veulent l'exproprier</i> <i>pour réhabiliter le quartier,</i> <i>et elle lui a offert 16 000 €</i> <i>pour acheter son bien.</i> C'est la lettre qu'ils m'ont envoyé.

Ils veulent acheter notre appartement, mais le prix qu'ils nous proposent est une insulte. C'est inacceptable, avec 16 000 €, on ne peut même pas acheter un garage. Alors un appartement, ce n'est pas la peine d'y penser.

<i>Il y a 13 ans,</i> <i>Peter a payé son appartement 7 000 €.</i> <i>D'après lui,</i> <i>vu les prix du marché,</i> <i>il en vaudrait</i> <i>aujourd'hui au minimum 37 000.</i> <i>Deux fois plus </i> <i>que ce que propose la mairie.</i> Je ne veux pas de leur charité, ils peuvent me mettre à la rue, je n'accepterai jamais cette injustice. <i>Peter et ses voisins résistent,</i> <i>et espèrent que les promoteurs</i> <i>finiront par mettre le juste prix</i> <i>pour qu'il puisse reloger</i> <i>dignement sa famille.</i> <i>La ville, </i> <i>entre dans la modernité à marche forcée.</i>

<i>Une modernité qui reste relative,</i> <i>même si elle est devenue</i> <i>une capitale incontournable du tourisme.</i> <i>30 ans après la chute du communisme,</i> <i>Budapest reste </i> <i>troublée par ces contradictions.</i> <i>Encore à la recherche</i> <i>de sa nouvelle identité</i> <i>et de sa place,</i> <i>au sein de l'Union européenne.</i>

2023-01-15 07:33

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