Why Indonesian Waters Are the Most Dangerous in the World?
Dans les eaux indonésiennes, le gouvernement fait la chasse aux pêcheurs illégaux. La pêche industrielle intensive et sans scrupules est particulièrement destructrice pour l'environnement. On ne peut plus utiliser que ça pour pêcher les crevettes. C'est dur de pêcher maintenant. Il y a beaucoup de pollution. Pour y mettre fin, des Green Cops traquent ces pirates de la mer.
Ils veulent s'échapper. Tirez, tirez, stoppe le moteur, tape le moteur. Des méthodes musclées.
La pêche illégale, c'est fini. Contre des trafiquants que rien n'arrête. S'il monte sur le bateau, on va les tabasser.
Irzal Cadir 38 ans, est commandant au sein des gardes côtes d'Indonésie. Il travaille depuis quatorze ans dans la surveillance maritime. Lui et ses Green Cops se préparent pour une nouvelle mission au long cours.
À mon avis, la pêche illégale a jusqu'à présent été très dévastatrice. Je suis très fier de pouvoir être de ceux qui s'efforcent à réduire cela. Si on ne fait rien dès maintenant, cela aura beaucoup de conséquences sur l'avenir. De nombreux bateaux étrangers pêchent sans autorisation officielle et pillent les ressources des eaux indonésiennes. Ici comme sur le reste des océans du globe, un poisson sur quatre est pêché de manière illégale. Pêche industrielle d'espèces protégées, pêche sans autorisation ou avec des techniques interdites ou encore travail esclave.
Avec ses méthodes et au rythme actuel, la mer se sera vidée de ses poissons à l'horizon 2050. Une mère nourricière bientôt sans vie, un sombre avenir que refuse le gouvernement indonésien. La bonne santé de ces eaux constitue un enjeu économique et écologique majeur pour ce pays de 250 millions d'habitants, quatrième pays producteur mondial de poisson. Avec plus de 17 000 îles entre l'Asie du Sud-Est et l'Océanie, l'Indonésie compte l'un des plus grands territoires maritimes de la planète. Une zone immense, particulièrement difficile à contrôler.
La mission du commandant Cadir et de ses hommes démarre au large de Singapour, dans le détroit de Malacca, une autoroute maritime empruntée chaque année par plus de 50 000 navires, soit un quart du transport maritime mondial. Voilà notre position. Cela apparaît là en bleu, c'est notre plan de navigation. Nous passons par le détroit de Singapour. Dans le détroit de Malacca, il y a un potentiel maritime. Un potentiel de pêche, de ressources.
Et il y a énormément de navires étrangers qui circulent. Donc l'important ici, c'est de rester vigilant parce qu'il y a beaucoup de trafic. Ici, on croise des cargos, des chalutiers, mais aussi des maisons flottantes de pêcheurs artisanaux.
Un ballet maritime fréquemment perturbé par des bateaux pirates très présents dans cette zone du globe. En charge de la police maritime, Irzal et ses hommes contrôlent régulièrement ceux qui empruntent le détroit. Aujourd'hui, un gros chalutier indonésien. On veut voir les documents, on veut les vérifier. On veut juste vérifier les documents. Ça fait longtemps que vous êtes en mer.
Environ quinze jours, quinze jours. Oui, c'est ça. Pour les bateaux locaux, nous continuons la surveillance. Lorsqu'ils sont en infractions graves comme la pêche à la dynamite. Nous confisquent également les bateaux locaux. Le navire est en règle.
Les Green Cops laissent les pêcheurs repartir. Les documents sont au complet. Il n'y a pas de problème.
Nous allons leur rendre. Vous pouvez y aller. Vous avez vu des bateaux vietnamiens, étrangers? Oui, on en a vu. Donc y en a encore encore? OK, merci.
Le contrôle n'a pas été inutile. Les pêcheurs confirment la présence de chalutiers étrangers plus au nord. Pour orienter la mission en mer des garde côtes, les Green Cops peuvent compter sur un appui aérien. Des équipes de spécialistes scrutent en permanence le trafic maritime. Ils sont en charge de repérer les navires battant sous pavillon étranger ou utilisant des techniques de pêche illégale.
La zone la plus sensible se trouve en mer de Chine, au nord du pays, ou les mafias règnent en maître et se jouent des réglementations internationales. Tels des prédateurs, les cargos usines et les chalutiers chinois, thaïlandais ou vietnamiens viennent piller hors de leurs frontières les fonds marins indonésiens. Pour les gardes côtes. Ces renseignements fournis par l'armée de l'air sont capitaux. Sur ces images datées d'octobre 2017, un chalutier sans pavillon tente de fuir.
S'il quitte les eaux territoriales indonésiennes, les gendarmes de la mer devront les laisser partir. Il décide de l'aborder avec une navette rapide. Ces interventions ne sont pas sans risques. Les pêcheurs illégaux sont souvent armés.
Ici, la limite entre piraterie et pêche n'est jamais très nette. Ils sont armés. Là, fait le tour. Ils se sont cachés derrière. Là bas au bout. Après de nombreux coups de feu de sommation, les green cops à résonnent le navire braconnier.
Depuis 2014, le renforcement des effectifs de la police maritime a permis l'arrestation de centaines de bateaux étrangers en situation illégale. Une fois les navires arraisonnés, les bateaux sont séquestrés et l'équipage envoyé dans des centres de détention comme celui de Batam, proche du détroit de Malacca. Ici, la police maritime retient les pêcheurs arrêtés dans l'attente de leur jugement ou de leur déportation vers leur pays d'origine.
Dedi Muslami dirige ce centre de détention pour pêcheurs. Et voici un abri ou demeurent les membres d'équipage. C'est là ou ils dorment. Certains viennent d'être arrêtés à la fin du mois de mars. Ces membres d'équipage là ne seront pas poursuivis. Certains seront cité comme témoin.
Quand la procédure sera terminée, ils repartiront chez eux. Généralement pour les bateaux vietnamiens, soit on vient les chercher, soit ils repartent via l'immigration. On a pu voir jusqu'à 300 personnes qui ont pu être hébergées ici. Ces marins prisonniers, souvent très jeunes et d'origine modeste, sont pris dans le piège de cette nouvelle guerre pour les ressources maritimes.
Tu veux rentrer ou pas? Il est temps que le processus de retour se termine. Après coordination avec l'immigration et l'ambassade. Après qu'on ait fini de demander des informations, alors il sera renvoyé au pays. C'est comme ça pour les simples marins.
Ces petites mains de la mer ne craignent finalement pas grand chose. Ceux qui risquent le plus sont surtout les mécaniciens et les capitaines en attente de leur jugement. Certains sont ici depuis des années. Il est là depuis trois ans.
Non quatre en un an, en quatre quatre ans. Il vient de Thaïlande ? Il est seul ? Vos camarades sont rentrés ? Oui, ils sont entrés. Combien étiez vous sur le bateau? Sur le bateau douze, treize, treize personnes. Treize personnes, les douze sont rentrés ? Oui, ils sont tous rentrés. Vous êtes le chef ? Je suis le capitaine, oui. Ce capitaine n'a pas de papiers et n'est pas reconnu comme résident dans son pays d'origine.
L'homme a l'air de prendre sa situation avec le sourire. Coincé dans les limbes de la bureaucratie indonésienne, il ne sait pourtant pas s'il rentrera chez lui un jour. Sur les quais du centre de rétention, une cinquantaine de bateaux arraisonnés récemment par les garde côtes. Ce sont des bateaux vietnamiens Vietnam, Vietnam, Vietnam.
Leurs noms sont camouflés. En réalité, ce sont des bateaux vietnamiens. Ce navire a été arrêté récemment, à la fin du mois de mars. Son drapeau est indonésien, mais en réalité il vient du Vietnam.
KG. Cela vient du Kien Giang. Kien Giang leur langue. C'est une province du Vietnam. Celui ci est presque identique.
Il s'agit là d'un chalut bœuf qui utilise des techniques de pêche interdites en Indonésie. La taille de la maille est de un cm. C'est interdit en Indonésie.
Ce qui est attrapé dans ce filet la boue et les poissons, petits et grands. Cela abîme les fonds marins. Les poissons encore petits, tout bébé sont tous attrapés. J'ai le sentiment qu'il y a encore beaucoup de bateaux qui pratiquent la pêche illicite. Jusqu'à présent, il y a des moyens de dissuasion et pourtant il y en a encore qui continuent.
Les moyens de dissuasion des Green cops indonésiens. Une technique pour le moins radicale. En quatre ans, plus de 400 navires étrangers ont été envoyés par le fond à coups de dynamite devant les caméras. La pêche illégale, c'est fini. Ces mises en scène très médiatiques sont orchestrées par la ministre des Affaires maritimes, Susi Pudjiastuti, fille de marchand de poissons. Susy est devenue une redoutable femme d'affaires dans le transport des produits de la pêche avant de devenir ministre en 2014.
Depuis, elle mène une campagne de communication explosive à l'encontre des pêcheurs illégaux. Passé maître dans l'art de communiquer. Le 17 août 2016, la ministre a fait détruire 71 bateaux pour célébrer le 71ᵉ anniversaire de l'indépendance du pays. Et parmi ces navires, leurs plus belles prises, le Viking. Recherché par Interpol pour trafic d'espèces protégées, le cargo usine qui braconnait sous pavillon nigérian, a été dynamité à l'ouest de Java, devant Pangandaran, la ville natale de la ministre des Affaires maritimes.
Un symbole fort à l'adresse des pêcheurs illégaux. L'Indonésie est la quatrième nation la plus peuplée de la planète. Près de 20 % de la population indonésienne dépend directement de la pêche pour se nourrir.
Le poisson est la denrée alimentaire la plus commercialisée, comme dans la ville portuaire de Batam, à l'ouest de l'Indonésie. Avec un peu plus de 6 millions de pêcheurs, le secteur fournit de nombreux emplois pour les jeunes et les femmes. La pêche illégale fait perdre au pays l'équivalent de plusieurs milliards de dollars et menace gravement ce secteur économique.
Les plus durement impactés par ce hold up des bateaux étrangers sont les petits pêcheurs artisanaux, comme tous ceux qui travaillent dans les faubourgs des grandes villes. Aujourd'hui, ils sont un peu moins d'un million. Ils étaient deux fois plus nombreux il y a dix ans. Au delà de la surpêche illégale, les petits pêcheurs ont pour ennemi la pollution industrielle et les déchets plastiques. Véritable fléau en Indonésie. La population jette les déchets à la mer.
Et quand il y a la marée haute, cela revient vers les côtes. Tout le monde jette les déchets à la mer. C'est pour cela que c'est sale comme ça. Les gens attrapent la dengue pas souvent, mais il y en a toujours qui l'attrapent. Eddy est un des pêcheurs de ce village sur pilotis devenu en quelques années une décharge à ciel ouvert.
Quand la mer monte, tout rentre jusqu'à là bas. Les gens jettent tout dans l'estuaire et tout revient par ici. Rien n'est brûlé. Avant, il y avait des gens qui collectaient le plastique.
Maintenant, il n'y en a plus. Il y a bien des personnes qui rachète le plastique, mais la population a la flemme de le collecter. Avant, c'était bien la pêche. Maintenant, c'est plus difficile parce qu'il y a beaucoup d'usines. C'est dur de pêcher maintenant. Il y a beaucoup de pollution.
Avant, aucun bateau ne passait par ici. Aujourd'hui, même les plus gros passent par là. On utilise ces appareils pour les crevettes. C'est la seule chose qu'on peut encore pêcher. Retour à bord du navire des garde côtes, la frégate des Green Cops continue sa route vers le nord, direction l'archipel des Natuna, en plein cœur de la mer de Chine. La vie est rythmée par les repas concoctés par le cuisinier.
Et pour les 20 marins à bord. Une vie spartiate, mais avant tout un choix, une vocation. Il y a cinq personnes dans cette cabine. C'est assez grand pour se reposer. Je suis très fier de pouvoir participer à cette mission de préservation de l'environnement. De rendre service.
Pour moi, il s'agit de donner de ma personne, pour mon pays, pour l'Indonésie. C'est notre rôle de préserver. Si nous ne le faisons pas, qui d'autre le fera? Après deux jours de navigation, les gendarmes des mers arrivent dans l'archipel des Natuna. Plus de 200 îles sauvages dans un écosystème encore préservé.
Ce poste avancé sert de lieu de ravitaillement pour les garde côtes et de repli en cas de tempête. Aujourd'hui, nous entrons assez dans nos. Dans l'archipel des Natuna.
Car nous allons rejoindre un autre navire de gardes côtes pour parler de notre plan d'aller vers le Nord demain. Cedeno, un petit port construit sur pilotis. Un millier d'habitants vivent ici essentiellement de la pêche. Irzal, Le capitaine fait le point sur la météo. Sous ces latitudes, le beau temps peut être trompeur.
Je suis en train de regarder le mont Ranai. S'il est recouvert par les nuages selon la population locale, cela veut dire que le temps n'est pas très bon. La tempête ne tarde pas à balayer l'archipel. L'équipage est cloué à terre. Chacun profite de cet intermède à sa manière.
Kader Sergent, en charge des interventions armées contre les navires clandestins, s'adonne au karaoké en imitant les stars locales. Pour moi, la musique, ça me fait transpirer. Donc c'est un peu comme du sport.
Irzal, le capitaine, de son côté, part faire sa prière en ville. A la confluence de différentes cultures asiatiques, l'Indonésie demeure très majoritairement musulmane. L'appel du muezzin résonne dans la ville pour le rassemblement de la grande prière du vendredi.
Les tissus colorés des fidèles expriment un islam traditionnellement ouvert. À la mosquée, les hommes prient souvent pour que la mère continue de les nourrir. Parmi eux, Hermann, 36 ans, pêcheur de père en fils depuis plusieurs générations.
Pour lui, la pêche est encore fructueuse au quotidien. Pour les pécheurs. De nos jours, je remercie Dieu, parce que cela suffit pour remplir nos besoins quotidiens, pour les affaires. Si on a du capital traditionnellement, il valait mieux investir dans le poisson ou dans le clou de girofle sur terre. Mais en mer, il faut travailler tous les jours avec des pêcheurs payés à la journée.
Première tâche du matin remonter les filets gorgés de petits poissons. On trouve toutes sortes de poissons, des petits. Il y a des grands comme celui ci. Là, ce sont des anchois, des haran et d'autres encore. Ils vont servir de nourriture aux poissons de mon élevage.
La mer se passe de génération en génération, de mon grand père à mon père et moi, bientôt à mes enfants. Hermann pratique l'aquaculture, une des solutions qu'il a trouvée face à la surpêche et aux besoins croissants de poisson. C'est ici qu'il vit en bord de mer, dans cette petite maison sur pilotis. Son élevage : des poissons recherchés sur les marchés asiatiques. Les poissons vivants, on les vend aux bateaux venant de Hong-Kong qui viennent ici. Ceux qui se vendent le mieux, ce sont les mérous et les napoléons. Les napoléons, c'est dans les 50 € et pour les mérous, le maximum, c'est 40.
Ça, c'est un concombre de mer. On le fait d'abord bouillir, puis on le fait sécher et alors on peut le manger. Très prisé en Asie, cet animal marin fait l'objet d'un intense trafic. La médecine traditionnelle chinoise lui prête de nombreuses vertus.
Certaines de ces espèces se vendent à 1 000 $ le kilo sur le marché de Hong Kong Pourtant, Hermann est conscient des limites de ce modèle. L'espoir des parents, c'est que leurs enfants deviennent des fonctionnaires. Moi, je voulais aller en mer parce que je suis l'aînée. Pour mes enfants. J'aimerais qu'ils réussissent mieux que moi parce que l'avenir est trop incertain dans la pêche. Ce n'est pas la peine qu'ils fassent comme moi.
La météo est à nouveau au beau fixe. Les garde côtes se préparent à repartir. Demain, les Green Cops reprendront leur traque contre les trafiquants. Les données obtenues par la surveillance aérienne. C'était aux alentours d'ici.
Il y aurait plus de dix bateaux, apparemment. Donc le plan pour demain avec l'autre bateau, c'est de monter là et de vérifier les informations reçues. Pour l'Indonésie, la lutte contre la pêche illégale, c'est aussi la volonté de réaffirmer sa souveraineté en mer de Chine. Le pays détient le droit d'exploiter les ressources maritimes sur une zone qui s'étend jusqu'à 370 kilomètres des côtes.
Mais certains de ses voisins, comme la Chine, contestent ses frontières. Face aux ambitions de l'empire du Milieu et des trafiquants de tous les pays avoisinants. l'Indonésie a décidé de faire le ménage dans ce Far-West maritime. Il est 6 h du matin. Irzal est un dernier briefing avec ses hommes.
J'espère, chers collègues, que comme il y a de grandes chances que nous devrons faire un arrêt zonages et contrôles de nuit. Donc faites bien attention à la sécurité et plus particulièrement ceux qui portent des armes. Faites vraiment bien attention. Que ce soit en terme d'utilisation ou autres, et n'oubliez pas votre propre matériel de protection comme les gilets. Il faut les mettre, que ce soit de jour comme de nuit.
Avant de commencer notre travail, nous allons prier afin d'obtenir bénédiction et nous prieront en fonction de nos propres religions et croyances. Les Grenn cops sont sur le pied de guerre. Le calme avant la tempête. Pour arriver ici notre destination, il faut compter 10 à 11 heures à une vitesse de dix nœuds.
Là, on est très proche de la frontière. Environ un demi mile. On essaye de s'approcher mais ils dirigent leur poids en direction de la frontière. Après 20 h de traque, le capitaine aperçoit enfin des navires sur son radar. Les traces blanches montrent la présence de chalutiers de pêche. Ils sont à 2 mile de la frontière.
On va essayer de les coincer cette nuit parce que si on attend demain matin, ils risquent de passer la frontière de nouveau. Ils essayent de s'enfuir. 0,4 de distance. Ils continuent de se rapprocher, toutes lumières éteintes pour créer l'effet de surprise. Attention, ne tombez pas, c'est mouillé.
Cache toi, cache toi ! En position sécurité. Quand vous en aurez l'ordre, enlevez la sécurité et tirez en l'air. Il y a un autre bateau qui s'enfuit. Un autre là bas. Tireur, on attend. Avancez devant. Il y a deux personnes.
Devant, devant. Avancez, avancez, Avancez ! Ils veulent s'échapper. Tirez, tirez. Allez, allez, avancez ! Attention, attention, attention! Tirez à nouveau. Chargez, chargez, remplissez les chargeurs, Tireurs, remplissez les chargeurs.
OK, préparez vous à sauter. Pour reprendre de la vitesse et éliminer l'épreuve. Un marin vietnamien, machette à la main, tente de couper les cordage des filets de pêche.
Les braconniers tentent une dernière fois de s'échapper pour revenir dans les eaux maritimes vietnamiennes. Le commandant Irzal prend une décision radicale. Il lance son navire à plein régime sur les fuyards. Stoppe le moteur, stoppe le moteur. Montez, montez ! Allez, on saute! Tire, tire encore ! Le capitaine est là. Le capitaine il est où ? Sors, sors de là ! Allez capitaine, sors ! Monte, monte ici.
Pris en flagrant délit de pêche illégale, les marins sont arrêtés. Il faut qu'ils montent. Allez monte à bord. La lampe lance.
Asseyez vous. Asseyez vous, mettez en sécurité les armes, les armes en sécurité. Encore un. C'est bon. Pas trop serré, pas trop serré. Ça suffit comme ça pour le moment. Pas trop serré.
Il faut laisser du mou. Coupe, coupe. Les Green Cops tentent de couper les câbles du chalut des braconniers, sans succès, ils ordonnent à l'un des marins vietnamiens de couper lui même le câble. Si on peut couper, vas y. Ça va être long.
Coupe directement avec la meuleuse. Le capitaine vietnamien et ses hommes assistent, impuissants, à la perte de leur butin. N'oublie pas de prendre la radio.
On avance tous en même temps. Les pêcheurs vietnamiens ont le droit à un café, une cigarette, pour se remettre de leurs émotions. La barrière de la langue interdit tout dialogue avec les pêcheurs. Gabriel, le chef mécanicien, tente alors de communiquer par des dessins. Les Vietnamiens jouent la méprise. Leur alibi, c'est qu'ils dormaient.
Puis ils seraient rentrés dans les eaux indonésiennes. Je pense qu'ils ont été conscients car leur bateau marchait. Au moment de l'interception, ils étaient en train de pêcher. L'action des gardes côtes a, depuis quatre ans, provoqué une diminution importante des incursions des navires braconniers dans les eaux indonésiennes. Les pêcheurs ont passé toute la nuit dans la salle des machines à même le sol. Au petit matin, leur navire, conduit depuis la veille par les garde côtes, fait l'objet d'une fouille minutieuse.
Les Green Cops cherchent des éléments de preuve. GPS, radar. Des indices permettant de démontrer la mauvaise foi des braconniers au moment de leur arrestation. Les pêcheurs et leurs navires sont maintenant rapatriés vers les îles de Natuna. Les Vietnamiens savent ce qui les attendent. Certains échafaudent même devant nous un plan d'évasion. Le patron nous a dit que si on se faisait attraper, on n'irait pas en prison et on serait de retour rapidement.
Tous ces problèmes me donnent mal à la tête. On peut rentrer par là. Ici, il y a plein de bateaux amarrés. Tu parles de là bas? Oui, il y a plein de bateaux assez neufs. On pourra en prendre un pour repartir.
Là, il y a beaucoup de canoës rapides. C'est assez facile à conduire. S'ils montent sur le bateau, on va les tabasser. Et si on les voit de loin, on s'enfuit.
Il faut aller à la puissance maximum. Si on va vite, ils nous poursuivent encore plus. Si on s'échappe, ils vont nous poursuivre. Les pêcheurs vietnamiens vont être détenus sur cette île de l'archipel des Natuna. Ici, nul besoin de murs. Le centre de détention est une prison à ciel ouvert.
Leur destin est désormais entre les mains de l'administration indonésienne. Pour leurs navires de pêche. C'est le dernier voyage. Il va venir grossir les rangs des bateaux destinés à être coulés par le fond. Ce sont leurs appareils de navigation. On les récupère tous et dans le bateau, là bas, il y en avait quatre. Une radio.
Une deuxième ici. Puis Unicom. On en aura besoin pendant le procès. Notre travail à nous est fini. Les enquêteurs vont monter à bord faire leur boulot. Après nous, nous n'avons plus rien à voir avec ça.
Ce sont ceux sur terre qui continueront la procédure, le procès etc jusqu'à ce que le jugement soit exécuté. Bateau vietnamien. Employé du bateau. - C'est toi le capitaine? - Non, c'est lui.
C'est aussi le propriétaire ? Lui, ce n'est qu'un employé et le propriétaire est là bas, au Vietnam. Il est juste salarié. Les marins sont autorisés à récupérer leurs affaires et quelques kilos de poisson, leur nourriture pour les prochains jours. Conscients des risques d'évasion, les Green Cops retirent les gouvernails des navires.
Moi, je fais ça pour gagner ma vie. Pour manger et pour nourrir ma femme et mes enfants. Je n'y peux rien, moi. Je sais que je suis rentré illégalement en Indonésie et il faut l'accepter quand on se fait prendre.
J'espère juste avoir une peine légère pour rentrer m'occuper de ma famille. Ou est le capitaine? C'est lui le capitaine ? Tels des prisonniers de guerre, les marins sont photographiés. Comme à chaque fois, Le capitaine et le mécanicien seront les deux seules personnes jugées.
Les autres seront rapatriés au rythme de la bureaucratie locale. Une double peine pour ces naufragés victimes de patrons mafieux. Car au delà des dégâts contre la faune aquatique, cette pêche illégale et anarchique révèle les côtés les plus sombres de la mondialisation. Retour à Djakarta, dans le plus grand port de pêche d'Indonésie. Ici, des centaines de chalutiers déchargent chaque jour sur les quais des tonnes de poissons.
Derrière cette abondance trompeuse, une enquête récente a mis au jour un trafic d'êtres humains majeurs. Plus de 4000 hommes en situation d'esclavage travailleraient dans les navires croisant les eaux indonésiennes. Ceux qui ont fait éclater le scandale d'autres Green cops, les militants de Greenpeace.
L'ONG et son navire, le Rainbow Warrior, ont mené ici pendant plusieurs mois une campagne contre le trafic d'êtres humains en mer. Sans doute la plus grande pratique d'esclavage au XXIᵉ siècle. Hariss Fia est le responsable du bureau indonésien de Greenpeace.
Ici, c'est la pièce de l'opérateur radio. C'est ici que l'on réceptionne les signaux radio qui seront ensuite contrôlés. Voici un rapport que nous avons publié en 2015, lorsque le nouveau gouvernement venait d'être élu. Et nous avions déjà identifié au début une problématique sérieuse en lien avec la pêche effectuée par des bateaux étrangers opérant en Indonésie. Nous avons trouvé un autre problème sérieux.
Outre la pêche destructrice, l'exploitation des travailleurs à bord. L'exploitation de l'équipage. Et plusieurs affaires ont été révélées.
Beaucoup d'équipages en 2013, 2014. Nous avons observé qu'il s'agit d'un problème mondial, et pas seulement en Indonésie. Lorsque la gestion de la pêche ne prend pas en compte la dimension sociale de la vie des pêcheurs. Cela amène des cas d'affaires criminels fondamentales.
Ou le commerce des êtres humains. Les membres de l'équipage. sont si facilement déplacés d'un endroit à un autre, d'un bateau à un autre. Bien que cette activité soit massive, elle n'est pas suivie par le gouvernement. Il est vrai que le gouvernement a perdu le contrôle de la gestion de la pêche en Indonésie.
La campagne du Rainbow Warrior a aussi porté sur la protection de la biodiversité marine du plus grand archipel au monde. Un archipel qui fait partie du triangle de corail. A cheval sur six pays, cet écosystème unique concentre la moitié des espèces sous marines connues. Une oasis indispensable à la survie des millions de poissons qui feraient ces eaux. Souvent comparé aux forêts tropicales amazoniennes.
Ces récifs sont aussi des poumons de la planète. Ils contribuent à l'amélioration du climat et protègent les populations locales contre les assauts de la mer. Pourtant, depuis quelques années, des pans entiers de ces barrières et niches naturelles subissent les outrages des hommes. Face à la pénurie de poissons dans certaines zones, certains pêcheurs indonésiens utilisent des méthodes de pêche parmi les plus destructrices au monde. La pêche à l'explosif et au cyanure ont été massivement employées pour ramasser rapidement de grandes quantités de poissons. Des techniques qui ont transformé les fonds marins en déserts de débris coralliens stériles.
Un phénomène destructeur que l'on observe un peu partout en Indonésie comme dans l'archipel de Florès, à l'ouest du pays. La plupart des récifs de ces éden aquatiques ont été endommagés. Dans le village de Seria, tout le monde vit de la pêche. Hommes ou femmes, jeunes ou vieux. Ici, tout le monde a l'esprit naturellement tourné vers la mer.
Mais ces 30 dernières années, les pêcheurs, comme le reste de la société, sont devenus consuméristes et avides de revenus faciles. Pourtant, avec ses techniques de pêche à l'explosif, les pêcheurs se condamnent eux mêmes à court terme. Binh Tang, 35 ans, est pêcheur depuis l'enfance. Depuis plusieurs années, il constate les conséquences dramatiques de ce type de pêche. Il y a de moins en moins de poissons par ici. Peut être qu'il y a trop de personnes qui viennent pêcher.
Ceux qui viennent d'ailleurs. Il y a trop de pêcheurs par rapport aux poissons. Je pense que la disparition du Corail a aussi une influence à cause des pêcheurs qui ont utilisé de la dynamite ou du cyanure. Moi, je ne veux même pas entendre parler de la dynamite. J'ai déjà peur d'en avoir une en main. J'ai très peur des pétards.
Cela détruit le corail et cela nous met tous en danger. J'ai déjà vu des barques explosées. Et les bras arrachés à cause des bombes.
Étant donné le peu de poissons que l'on trouve dans nos eaux, ce n'est plus possible. Avant, oui, mais maintenant, je ne suis pas certain que cela subviennent à nos besoins. Quand on attrape quelque chose un jour après, il y a deux ou trois jours sans rien. À celui là, il a été mordu par un requin.
Faisant face à une diminution accélérée du stock de poissons, les pêcheurs doivent désormais naviguer de plus en plus loin et prendre davantage de risques. Selon les experts, 20 % des récifs du globe ont disparu à cause de la pollution, de la surpêche et de l'utilisation d'explosifs. Pour tenter de stopper cette catastrophe, des organisations environnementales ont mis en place avec les communautés du littoral un système de régénération du corail. Les habitants deviennent les gardiens de leur propre environnement. l'Association Coral Guardian est une de ces ONG. Elle a développé un programme d'écotourisme afin d'impliquer les locaux et les touristes à replanter le corail sur les récifs endommagés.
Sue Taupo, 34 ans, est biologiste des récifs marins. Depuis trois ans, il emmène des touristes étrangers sur l'île de Serayakasil, dans l'archipel de Florès. Tu vas devenir célèbre. Mais il va falloir que tu perdes ça. Si tu veux vraiment devenir célèbre pour la télé, il va falloir que tu fasses des pompes avant. Les pêcheurs savent comment fabriquer des bombes.
Comme il est plus rapide d'attraper du poisson avec, c'est de plus en plus utilisé. Il faut comprendre qu'en Indonésie, c'est très facile de trouver des produits chimiques pour fabriquer des bombes. Il utilise des bidons de 20 litres remplis de ces produits.
Il attache les bidons à un câble de 50 mètres et le déclenche du bateau. Pour eux, c'est de l'argent facile. Et quand on leur demande combien rapporte la pêche à la dynamite, ils répondent cinq ou 6 millions de roupies. A peu près 400 $. Oui, mais tous les jours. Et il y a 30 jours, dans un mois.
On nous disait que les pêcheurs rejetteraient le projet, qu'ils allaient devenir fous ou en colère. Mais pas du tout. Ils ont compris que c'était leur futur. Donc les pêcheurs sont d'accord, ils nous font confiance, ils comprennent et suivent les progrès. Et ce projet est maintenant un outil pour eux.
Vous ne pouvez plus pêcher n'importe comment et détruire le corail dans cette région autour de nous. Donc voilà, ce sont des vacances et de l'éducation. Vous êtes en vacances et vous apprenez des choses. Et on se fait des amis aussi. On apprend des choses sans avoir mal au crâne. Des vacances utiles dans ces zones autour de l'île, aujourd'hui protégée, interdite à la pêche grâce aux campagnes successives de l'ONG auprès des pouvoirs publics.
Su Topo et les pêcheurs locaux ont aménagé des structures artificielles réparties sur plusieurs milliers de mètres carrés. Les touristes découvrent alors la beauté des récifs tout en contribuant à préserver l'environnement local. Première étape pour ces vétérinaires marins d'un jour, récupérer sur les récifs endommagés des coraux encore vivants afin de les restaurer. Celui ci, dans quelques mois va sûrement mourir. Là c'est la partie morte et sur la partie haute, la partie vivante.
Et vous allez pouvoir le sauver. Alors comment vous allez faire? Eh bien, vous allez enlever la partie morte et vous allez placer la partie vivante sur la structure. Et il va repousser. Mais faites attention à bien attacher. Parce que s'il bouge à cause du courant ou des vagues, ils vont mourir.
C'est vraiment un programme de qualité parce que beaucoup de pêcheurs comprennent maintenant comment prendre soin de leur environnement. Maintenant, ils connaissent l'importance de leur environnement dans leur vie. Ce projet a trois ans. Nous leur avons apporté les connaissances pour faire renaître le récif. Ensemble. Et tous les pêcheurs ont vraiment été intéressés de réaliser ce projet avec nous. Ce projet, on le fait avec les pêcheurs, mais aussi avec les touristes.
Nous avons créé l'écotourisme l'année dernière. Les touristes font des dons aux ONG. Et nous, nous redistribuons l'argent aux pêcheurs locaux pour qu'ils puissent continuer ce projet par eux mêmes. Il y avait un homme. Nous l'appelons le vieil homme parce qu'il est d'une grande expérience. Et il nous racontait qu'à son époque, il attrapait d'énormes thons et plein d'autres espèces de poissons de grande taille et tout près, au bord du village.
Parce qu'il y a encore 20 ans, le corail était magnifique. Personne ne pratiquait la pêche à la dynamite. Personne utilisait le potassium ni de poisons. Les pêcheurs partaient à la pêche, revenaient avec du poisson. C'était une belle vie remplie de joie parce que c'était facile d'attraper du poisson. Des milliers de boutures issues de différentes espèces de coraux ont été transplantés sur ces structures en métal.
Depuis, ces récifs artificiels ont régénéré de la biomasse pouvant aller jusqu'à quinze tonnes de poissons par kilomètre carré. Les pêcheurs locaux savent maintenant ce qu'est le corail. Ils savent que c'est l'écosystème le plus important sous l'eau.
Ils en prennent soin maintenant parce qu'ils ont compris que le corail est capital pour leur survie. Le slogan du pouvoir indonésien : l'Océan est notre futur. Les actions des Green Cops ont permis de stopper une partie de la pêche illégale et d'augmenter les ressources halieutiques du pays.
Des actions citoyennes ont pris le relais pour aider les locaux à prendre soin de la mer. Des initiatives qui permettent d'espérer sauver cet écosystème vital pour la survie de tous.
2023-02-20 20:25
