Comment obtenir le Look VINTAGE | Argentique VS Numérique (ft. Victor Michaud)

Comment obtenir le Look VINTAGE | Argentique VS Numérique (ft. Victor Michaud)

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What's up YouTube, j'espère que tu aimes la nostalgie parce que le thème du photoshoot du jour, c’est le look vintage. Ah, le look vintage… Qu’est-ce que c’est, d’où ça sort, pourquoi t’aime ça? Si, t’aimes ça. Questions complexes auxquelles je ne pouvais pas répondre seul, alors aujourd’hui, pour toi, j’ai réuni la dream team. Ok, alors dans l'équipe du jour, on a déjà Victor! [ VICTOR ] Je possède le matos. Qu'est-ce que tu fais sur YouTube Victor?

[ VICTOR ] Alors ma chaîne c'est principalement du documentaire de voyage, et de la vidéo un peu sur la photo, que j'essaie de filmer avec ce gros bébé qui filme en haute qualité, voilà. Victor va être notre caution argentique, avec lui on va pouvoir comparer analogique et numérique. On a Lucie! [ LUCIE ] Je porte le matériel. Et en plus c'est elle qui va filmer. Normalement elle est aussi photographe, modèle, et même policière scientifique, oui oui, mais bon aujourd'hui elle porte, faut bien que ça tombe sur quelqu'un. Sorry. Et enfin, on a Manoé.

[ MANOÉ ] La modèle. Bon Mano, heureuse d'être de retour sur la chaîne, réclamée à cor et à cri par l'audience? [ MANOÉ ] Yes! Comment ça va YouTube? La première étape pour créer une atmosphère, quelle qu’elle soit, c’est la maîtrise de l’environnement et sa mise en scène. Aujourd’hui, le terme vintage étant majoritairement associé à ça, on va commencer par le stylisme. J'ai demandé à Manoé de vider sa garde-robe pour nous trouver quelques tenues adéquates. Deuxième étape, le lieu, il fallait un endroit qui ait du cachet. Et donc merci Pauline de nous avoir prêté ton appart. Notre amie habite dans un immeuble ancien

du centre-ville de Lyon, avec ses grands volumes et cette hauteur sous plafond. On va avoir à notre disposition la chambre, la cuisine, et enfin le magnifique salon. L’appart a aussi une superbe déco et il est rempli d’objets totalement dans le thème qui vont pouvoir habiller nos images. Et puis on a ses immenses fenêtres là, qui en font un endroit bien

lumineux. Enfin, en temps normal. Et évidemment quand on compte sur la lumière du jour, il fait un temps dégueulasse et il pleut ! Mais la lumière ça encore… Non, il y a des drames bien plus importants tu sais. L’humidité. Quand tu passes deux heures à faire des jolies ondulations et que ça commence à frisoter parce que tu es sous un torrent de pluie… Oui, ce sont des vrais problèmes. On a failli tout annuler. Mais, l’amour de la photo est plus fort. On shoote entièrement en lumière naturelle, et l'intérieur de l’appartement étant devenu très sombre, il va donc falloir ruser et chercher à toujours être au plus proche de sources de lumière, comme avec ce très mauvais portrait par exemple, le rebord de la fenêtre ici était censé fermer le dernier tiers de l’image, mais c’est très moche.

On est un peu mieux ici, on a une lumière douce, j’aime bien l’expression de Manoé avec son doigt sur la lèvre. Trouver les sources de lumière va être encore plus essentiel pour Victor, limité au 100 ISO du film qu’il a choisi, même s’il fera ensuite tirer la pellicule à 400 ISO pour gagner en exposition. C’est donc autour des grandes fenêtres qu’on va organiser nos mises en scène. Ici un vieux livre, un thé et le cachet de l’ancien avec ces vieux volets, ce bois.

Le petit détail qui me dérange, ce sont les poignées des fenêtres, trop modernes. Le problème qu’on va avoir avec notre modèle placé aussi proche de la lumière, et le fait de shooter en perpendiculaire à celle-ci, c’est le contraste et les ombres que ça va générer sur son visage. La solution est simple, essaie d’avoir toujours avec toi un petit réflecteur, ça coûte rien et ça permet d’atténuer facilement les ombres. Pourquoi tu ne me vois jamais en utiliser ? Crois-moi, ça n’a rien à voir avec le fait que 80% du temps j'oublie et que les 20% restant j’ai la flemme de le prendre. Non, quel genre de photographe je serais voyons? Non, c’est pour la contrainte. L’amour de la difficulté, c’est comme ça qu’on progresse. Ouais.

Deux problèmes que Victor a pu résoudre de son côté. Déjà, ramener plus de lumière et ne pas avoir la poignée dans le cadre en ouvrant la fenêtre. Ensuite, le fait d’avoir une plage dynamique beaucoup plus faible permet finalement d’avoir un contraste plus esthétique, il n’y a pas d’information dans les ombres, la lecture de l’image en est simplifiée. On a une lumière plus diffuse ici puisque l’on n’est plus perpendiculaire à la source, mais la mise en scène est très mauvaise: mauvaise gestion de la symétrie, mais aussi de l’harmonie des couleurs, le rouge criard fait ressortir notre personnage, mais ne se marie pas du tout avec la tonalité globale désaturée et pastelles des vieilles images. Petit disclaimer: il y a évidemment une grosse différence entre Victor et moi, qui peut traiter, voir retoucher les images, et pas lui. Donc je suis resté a minima, j’ai juste appliqué mes presets qui semblaient le plus s'approcher de l’esthétique désirée, et j’ai ajusté un peu l’expo. Donc là, oui, j’aurai pu retraiter la couleur rouge,

mais on ne va pas le faire. La mise en scène, c’est la gestion des éléments présents dans le cadre, ou parfois leur absence. On a commencé le shoot de manière très minimaliste, seul le miroir donne des informations sur l’environnement, mais je suis vraiment pas fan. La composition pourrait être pas

mal, avec toutes ces lignes directrices, mais l’aspect minimaliste aurait été intéressant si on avait laissé respirer le modèle dans l’espace, ici on est cadré trop serré. C'est difficile au 40 mm. Victor shoote au grand-angle, ici un 24mm, et ça change tout, ces images sont beaucoup plus fortes visuellement. J’aime bien le débullage ici. Ici l’ajout du truc fleuri sur le mur. Au

fait, j’ai dit que je ne faisais pas de retouche… Exception faite ici hein, normalement j’apparais dans le miroir évidement. [VOIX OFF] Je vais prendre ce que vois le miroir, mais sans moi dedans. Je peux tricher, j’en profite. J’ai reculé au maximum, mais je reste prisonnier de ma focale, donc autant jouer cette carte à fond en cadrant dans le cadre en le surchargeant d’éléments. Les plantes, le look rétro de la table, de ce truc-là, je sais pas du

tout ce que c’est, le vieux brumisateur. On est dans le vintage là, non ? Parce qu’en fait, on entend quoi par vintage ? Comment on met une définition là-dessus ? À la base, c’est un terme français d’œnologie, vintage désigne un millésime particulier. Les Anglais nous ont piqué le terme, puis il nous est revenu avec un joli accent chantant, vintage, pour désigner une période dans le temps.

Mais laquelle ? L’acceptation la plus commune, c’est une génération antérieure, entre vingt et trente ans avant l’instant présent. Donc... Mon vintage à moi, c'est une Game Boy dans un sac banane, c’est l'école avant internet et les réseaux sociaux, la Casio fx92 où tu pouvais écrire ELLEBESE à l’envers, trois heures par jour à regarder les mêmes épisodes de Dragon Ball devant le Club Dorothée, des week-ends à jouer à Street Fighter II sur la super Nintendo de mon oncle. C’est les VHS de Kickboxer, Karaté Kid et les Goonies. C’est Captain Planet, Nicki Larson, Ulysses 31, Renard Chenapan, Les cités d’Or, Gros Quick, Fido Dido ou LC Waikiki, les montres Flick Flack et Microsoft Encarta. C’est du Benco sur une tartine de beurre avec un

Tang pour le goûter. La bonne époque. Mon seul objectif dans la vie, c’était de devenir une tortue ninja. Non, pas un ninja. Une tortue Ninja. Pose pas de question. Mais c’est une vision personnelle, le terme évoque pas juste ce qui est ancien, mais plutôt néo-rétro, il y a un imaginaire d’authenticité derrière le terme, parce que c’était mieux avant, c’était plus vrai. Pour les vêtements, comme pour le mobilier,

on n’a pas de date précise, ça peut évoquer autant d'objets des années 50 comme des années 80. Mais alors pour la photo ? Est-ce que c’est juste un style esthétique ou aussi une pratique ? Comment retrouver cette douce saveur de l’ancien, ce bonbon de nostalgie. Il y avait quoi à cette époque ? L’argentique. [ VICTOR ] La première chose que j'ai compris grâce à l'argentique, c'est que prendre des photos ça demande beaucoup de réflexion en fait. Forcément vu qu’on a 36 photos on doit faire attention à chaque photo, on peut pas la voir après donc on se concentre vachement sur l'instant présent. Une photo, elle doit être pensée en amont avant de

la faire. Par exemple sur le shoot actuel j'ai dû beaucoup réfléchir pour faire des photos qui avaient du sens, parce que finalement j'avais pas le droit à quarante mille essais. Victor va donc représenter la team argentique, il va shooter sur un Canon AE-1 avec une Ektar 100. Moi, je suis sur mon A7III, mais pour donner

un certain look à mes images, je suis pas obligé d’attendre la partie post-traitement. Les capteurs d’aujourd’hui sont beaucoup trop performants, ce qu’il faut, c’est dégrader la lumière, les informations, qui vont leur parvenir. Évidemment, grâce à l’objectif. Tu te souviens de Mathieu Stern, dont j’ai

déjà parlé de la chaîne YouTube comme étant une de mes préférées sur la photo ? Il explore tout un tas d'appareils photo étranges ou très anciens. Je lui avais envoyé un petit message pour savoir ce qu’il me conseillerait sur ce shoot et il m’a aiguillé vers ce magnifique et très abordable petit Konica Hexanon 40mm à 1.8, que j’ai adapté ici avec une bague NEX/EF. Bien sûr, on est entièrement en manuel, ce qui me va très bien au niveau réglage, c’est surtout au niveau du focus que ça va être contraignant. Mon boîtier communique pas du tout avec l'objectif, en plus du Focus Peaking, ce qui peut être intéressant c’est de programmer sur ton appareil une touche proche du pouce en tant que zoom image, afin de pouvoir agrandir au maximum la preview et tenter de faire le point du mieux qu’on peut.

Un portrait simple ici, avec une bonne correspondance des couleurs entre sa robe et le bouquet, c’est très automnale. Mais je préfère carrément celui pris dans la cuisine; c’est basiquement la même chose, un fond uni, Manoé, des fleurs. Mais les couleurs vibrantes, le découpage de l’image, son expression… j’adore cette photo. Fan aussi de la version argentique, avec cette composition en V et le focus sur le bouquet. Si tu veux voir plus d'images de Victor, je t’invite à aller mater la vidéo sur sa chaîne évidemment, où tu trouveras le behind the scene de notre shooting.

La cuisine était un très bon spot, on a ici un portrait similaire, mais avec un peu plus de mise en scène. J’aime bien l’ajout dans le cadre de cette ouverture, c’est sympa et c’est un élément de narration intéressant. Si tu veux savoir comment j’ai fait pour avoir ces flous qui cadrent mon image, j’ai simplement shooté au travers de deux pots en verre posés sur une étagère. J’aime bien l’opposition teinte chaude teinte froide, mais on s’éloigne un peu du thème là.

Recentrons-nous avec la chambre, où l’on a une vraie histoire qui se dessine ici, au travers des trois plans de l’image. On a la lumière ambiante très froide, venant d’un extérieur inconnu que l’on ne peut qu'entre apercevoir, enveloppant aussi le lit vide… mais Manoé, elle, baigne dans la lumière chaude de la lampe, plongée dans ses pensées et son univers imaginaire. Tu peux noter une nouvelle fois la difficile gestion du focus, surtout en basse lumière où j’ai dû déclencher à pleine ouverture.

J’aime encore plus cette image, je la trouve beaucoup plus intime, beaucoup plus moody. Je regrette juste de ne pas pouvoir donner quelques coups de tampon pour retirer la prise électrique ici, vraiment je vois que ça. J’avais aussi prévu d’utiliser ces filtres pour ce shooting, une nouvelle fois dans l’optique d’altérer l’image qui arrive sur le capteur. Tu peux ajouter de la réflexion, de la lumière parasite, ici un effet mosaïque.

Ça donne un effet totalement psychédélique, psychédélique donc années 70, années 70 donc vintage. Voilà. [LEODAGAN] Ça me semble assez évident, oui. Bon, comme on en a déjà parlé dans le précédent vlog au Louvre, on l’a déjà pas mal utilisé, je vais pas trop m’étendre dessus. Prenons ce portrait simple de Lucie. L’éclairage dramatique, la pose très stricte, le livre ancien de Fables de Lafontaine dans la main,

la gestion des couleurs entre les teintes rouges du livre et du canapé avec le bleu, ouais, ça donne un effet peinture classique intéressant. Voilà l’effet que l’on peut obtenir avec le filtre. Les faces du prisme vont démultiplier son centre de manière circulaire. Ici en inclinant le filtre, je n’ai appliqué son

effet qu'au-dessus de son visage pour donner cet aspect fantomatique qui fonctionne bien avec l’ambiance. Mais on peut altérer bien plus l’image, par exemple ici j’ai décalé le filtre du centre de l'objectif pour obtenir un effet très fort sur la globalité de l’image, la zone préservée est en fait sur le bord du cadre, sur le pot de fleur. Pas sûr que l'intérêt soit au maximum ici, mais au moins c’est graphique. À l’opposé, on peut rester très sobre et l’utiliser pour créer des petits reflets de lumière, comme sur cette image. J’aime

bien ce genre d’effet subtil que j'utilise majoritairement pour encadrer ou guider la lecture sur un visage. Si ce genre de filtre t’intéresse, tu connais les bails, t’as un lien dans la description pour plus de détail. Oh ça rime. Maintenant tout l’intérêt est de sortir de l’aspect purement graphique et de trouver un moyen de raconter quelque chose avec. Ici dans la chambre, l’utilisation du miroir

est propice à l’ajout de réflexion. Mais dans cette image par exemple, même si j’aime beaucoup l’expression fermée de Manoé, le reflet de la lampe n’apporte pas grand-chose d’intéressant. Ici par contre, la contre plongée et son regard, cette fois plus tourné sur elle-même, nous guide vers la mise en scène avec tous ces éléments qui dessinent une histoire : le livre, la petite boîte, la montre… Ajoute à ça les vieilles couleurs assez peu usuel dû à la lumière artificielle de la lampe, la texture du mur… Non, c’est chouette, très chouette. Pourquoi on aime autant le Vintage ? C’est un biais cognitif qui fait qu’on est par essence passéiste. S’il y a bien une phrase qu’on prononce depuis l’aube de l’humanité, c’est “Oh ben, c’était mieux avant”. Cet “avant”, quand l’intelligence n’avait pas encore capitulée, où les générations qui viennent après nous n’étaient pas tous des p'tits cons dont on comprend pas les codes.

“Nos jeunes aiment le luxe, ont de mauvaises manières, se moquent de l'autorité et n'ont aucun respect pour l'âge. À notre époque, les enfants sont des tyrans.” Ouais, Ok boomer. Notre mémoire à long terme fonctionne en atténuant et en effaçant progressivement les souvenirs négatifs, pour privilégier, conserver et enjoliver les souvenirs positifs. Notre cerveau, lui, c’est le contraire, il gère le présent avec un biais de négativité ; c’est un processus évolutif, on focalise notre attention sur tout ce qui est mauvais dans notre environnement, car c’est un danger potentiel. Et enfin l’avenir, on le connaît pas et tout ce qu’on ne connaît pas, ben ça fait flipper. Bref, le futur, ça fait peur, le présent, ça craint, mais le passé, alors ça, ça c’était chouette. Tu te souviens ?

Il y a qu’à voir notre vision du monde actuel, où l'on n’a jamais été si pessimiste et critique envers notre époque, alors qu’il n’y a factuellement jamais eu aussi peu de guerre, de conflits armés, d’homicides sur la planète dans toute l’histoire de l’humanité. Aussi peu de violence faite aux femmes, aux enfants, aux minorités, il n’y a jamais eu autant de pays qui adopte un régime démocratique, il n’y a jamais eu autant de liberté d’expression. Même si on peut plus rien dire, c’est vrai. On n'a jamais eu autant accès à la santé. Les précédentes grandes pandémies qui ont frappé l’humanité, on les a gérées autrement qu’en restant chez soi à jouer à Animal Crossing. Le truc, c’est que même amoindri, ces problèmes

existent toujours ; avant ils faisaient juste partie d’une réalité immuable, mais aujourd’hui les voir diminuer aussi radicalement grâce au progrès, ça nous donne conscience qu’il existe des solutions, et ils nous apparaissent donc beaucoup plus insupportables. Il y a aussi le fait qu’avec l’incroyable développement des outils de communication, on est bombardé d’un nombre d'informations ingérable, notre cerveau n’est pas fait pour comprendre et appréhender les problèmes venant de la planète entière. C’est toujours la faute de notre cerveau. Et de BFM TV. Beaucoup de BFM TV. L’âge d’or est toujours déterminé a posteriori, pas quand on est en plein dedans. La réalité est par essence différente de la construction que l’on se fait de la réalité à titre individuel, et je pourrai encore continuer longtemps, mais on s’est un peu éloigné du sujet là non ? Hey, faut pas me laisser parler comme ça, à la base on est partie des cheveux de Manoé qui frisote. Retour à nos jolies photos vintage. Même cette vidéo, elle était mieux avant. [ VICTOR ] Moi vintage, je pense par exemple

à des couvertures de magazines, tu vois des années 70 avec des photos souvent dans des studios, et comme je disais tout à l'heure c'est vraiment un moment où avec justement l'argentique, ils avaient pas de grandes possibilités donc souvent il y avait beaucoup de lumière, c'était très bien éclairé, ou alors tout l'inverse tout était décalé parce qu'il avait peu de plage dynamique et tout ça... Donc tu as un côté un peu très travaillé, très organisé... Des couleurs un peu dans les tons pastels, ce qui était beaucoup fait avec la pellicule en fait principalement. J’ai récemment sorti un pack de preset pour Lightroom, ça te permets d'avoir différents types de tonalité pour tes images, et ben, c’est exactement le même principe que l’on utilisait autrefois avec les films.

Victor a shooté sur une Ektar 100, avec ses belles couleurs qui popent, assez saturées, mais surtout connues pour avoir un grain extrêmement fin. On a aussi un effet délavé, car on n’a pas de point noir dans l’image, les ombres sont plus ternes, dû aux conditions de lumière et au tirage à 400 ISO. Mais regarde l’effet des ombres ici, comment le mélange des températures concourt à créer cette ambiance si particulière. J’adore cette image, le cadre est parfait, on a un vrai contre-jour, avec juste assez de détails sur le corps pour dessiner la silhouette de manière harmonieuse. C’est top. J’ai moi aussi essayé de reproduire des esthétiques proches des pellicules chimiques en post traitement, et j’ai testé pas mal de looks différents.

Tout d’abord avec un style où les couleurs vibrantes sont une composante majeure de l’image. J’adore ce portrait par exemple, l’expression parfaite de Mano, le bouquet avec toutes ces teintes… Si je peux pinailler, puisqu’on parle de teinte, j’aurai aimé pouvoir décaler celle du livre de cuisine ici, pour la rapprocher de celle-ci, et n’avoir que du bleu pour couleur dominante, ici le vert jure un peu. Mais tant pis, retouche minimum. Opposition entre lumière artificielle très chaude de la lampe, et qui du coup fait immédiatement ressortir le froid de la lumière naturelle qui vient de la fenêtre. Ici aussi on a une sensation de peinture classique, pas juste dû à la pose, mais la netteté de mon objectif, qui peine à obtenir le point à pleine ouverture et avec les ISO qui montent, donnent cet effet très sfumato. Ayons l’esprit large et disons qu’on est sur un chiaroscuro, on a l’unione sur le visage, le cangiante pour certaines ombres, et voilà, on a les quatre modes canoniques d’un classique de la renaissance. Oh, putain, j’suis un génie.

L'orange et le bleu sont une des associations de couleurs qui fonctionnent le mieux certes, mais quand la lumière tire vers le rouge, ici à cause de la lampe, j’aime bien lui opposer du vert. Je suis allé choisir Matcha, un preset qui en rajoute pas mal dans les ombres, j’aime beaucoup cette série avec le miroir. Pour sortir des pellicules aux couleurs vibrantes comme les Ektar ou les Portra, je suis allé explorer d’autres traitements. Ici la tonalité globale est plus ocre, pour donner un effet vieilli. Dans ce cas les couleurs sont bien plus désaturées,

combinées avec un grain plus présent et le regard perdu de Mano, on a beaucoup de douceur qui émane de l’image. Enfin une photo que j’aime beaucoup malgré sa simplicité. J’aime l’expression et la pause, la profondeur de l’image par les différents plans qui la compose, la douceur du traitement utilisé, j’aime beaucoup ce preset. Bref, le vintage ne se limite pas à un type de visuel unique. Avant tu pouvais avoir des styles très différents d’un film à l'autre. Moment nostalgie, je me souviens des X-Tra et Superia de chez Fuji, ou les deux pellicules les plus chères à mon cœur, l’Agfa Vista 200 et la Kodak Portra 400. Voilà, c’est à peu près celles dont je me souviens, faut dire que ça date. Mais tu peux aussi obtenir des résultats

différents au développement, en E6 ou en C-41, le traitement croisé, même utiliser des pellicules périmées pour altérer la colorimétrie et pousser encore plus loin l’effet délavé typique du vintage. Si tu veux jouer plus sur le côté graphique, tu peux aussi travailler la texture, pour donner un effet de vieux papier abîmé. Ou encore la façon de présenter les images, en rappelant les planches contacts que l’on avait avec les films. J’ai déjà fait une vidéo où je présente plein d’astuces de ce genre, je vais pas me répéter ici, je te laisse aller voir ça. Tu peux même

télécharger gratuitement ce template si tu veux le réutiliser. Ouais, je sais, je suis un mec cool. Pas mal d'astuces de post-prod donc pour obtenir ce genre de look particulier, mais même sans ça, je tiens à souligner, plus que l'appareil, que la surface sensible utilisée, capteur numérique ou film chimique, le rendu d’une image est déterminé pour beaucoup par l’objectif. C’est lui qui apporte et canalise la lumière

qu’on va utiliser. Le grain est un élément majeur de l’esthétique d'une image, et ses qualité et quantité dépendent pour beaucoup de l’objectif, tout comme le piqué des images. Utiliser des lentilles manufacturées il y a plus de trente ans a un impact considérable. La netteté qu’on l’on obtient aujourd’hui est quasi impossible à reproduire avec, on aura toujours ce léger hâle vaporeux très esthétique, même dans les zones nettes. Ça va lisser les aplats, par exemple j’ai pas eu à faire de traitement majeur de la peau, elle est toujours floue et la résolution n'est pas suffisante pour voir apparaître les pores. C’est jamais ultrasharp, mais ça donne du cachet. J’aime beaucoup aussi la mise en scène

de cette image de Lucie, avec le Drepy à la main et tous ces éléments en premier plan. Observe les franges colorées dans les zones floues et contrastées, des aberrations chromatiques qu'on ne retrouve plus sur les optiques d’aujourd’hui. On m’avait demandé dans une FAQ ce que je pensais de l’argentique et si j’avais déjà essayé. J’ai pas “essayé” l’argentique. Étant

moi-même vintage, j’ai débuté avec, et j’ai connu la transition vers le numérique. Du coup, j’en ai pas cette vision idyllique où je découvre ces contraintes et ce qu’elles peuvent apporter. Parce que, mettons de côté le style visuel. Si c’est ça qui t’intéresse, on l’a vu, c’est une esthétique qu’on peut très bien recréer en numérique, avec quelques artifices et du post-traitement.

Le point intéressant de l’argentique, c’est la philosophie qu’il y a derrière, ce qu’apporte les contraintes du support. Je l’ai déjà dit de nombreuses fois, rien n’est plus formateur que la contrainte, rien ne donne plus d’inspiration à un artiste que la contrainte. Le problème, c’est quand c'est plus une philosophie, mais que ça devient une identité. C'est récurrent chez les jeunes photographes

qui découvrent l’instrument ou davantage encore chez les plus anciens qui ont certaines difficultés avec les nouvelles technologies, ils vont rationaliser leurs outils comme étant la "vraie photographie". Parce qu’ils font de l’argentique, qu’ils shootent en noir et blanc, ils détiennent le vrai savoir, pas comme ces p’tits jeunes qui font du caca sur Instagram. Parce que c’était mieux avant. Si l’ancienneté, c’était vraiment le critère déterminant, ben en fait la vraie photographie, c’est pas l’argentique, c’est le sténopé. Maîtriser une technique, ça fait de toi

un technicien. Maîtriser une technique complexe, ça fait de toi un bon technicien. Mais ça ne fait pas de toi un bon photographe. L’outil est juste l’instrument derrière l’intention. Ceci dit ne te méprends pas, moi aussi je suis un bobo nostalgique, j’adore l’argentique, j’adore son esthétique, et d'avoir vu Victor s’éclater avec, j’ai tellement envie de m’y remettre. Et quand ça se fera, évidemment que je vais documenter tout ça ici. Je tiens à rassurer tous ceux qui s'inquiètent encore, oui, on a réussi à récupérer les cheveux de Manoé, tout va bien. Merci Lucie, merci Victor, c’était bien cool de shooter

ensemble, YouTube passe un bon mois d'août, on se retrouve à la rentrée, mais avant, oublie pas d’aller mater la vidéo du behind the scene sur la chaîne de Victor. See U mate, KEEP ON CREATING

2021-08-01 09:41

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